Intéressons-nous un instant au cas Barbara Carlotti, auteur interprète aussi singulière que désormais incontournable, pour effectuer un bilan des forces en présence à la veille de la sortie de son second opus.
A son actif, deux joyaux (le EP Chansons suivi d’un premier album Les Lys Brisés) aux accents délicieusement désuets, où les mots virevoltent avant de s’ébattrent sur fond de musique pop-folk sixties.
Ainsi que des collaborations tour à tour inattendues (Michel Delpech), plus convenues (Bertrand Belin), voire les deux à la fois (l’irrésistible projet Imbécile l’an passé). Lesquelles ont popularisé la demoiselle pour en faire une star du featuring hexagonal. Au point d’y enfermer, pour certains, la seule signature française du prestigieux label indépendant 4AD. Seule vague ombre au tableau, la scène où la demoiselle peine encore à trouver la formule idéale.
L’Idéal donc, titre d’un nouvel album dont on se garde de trop attendre, tant ses prédécesseurs apparaissent insurpassables. Première écoute et premières impressions, rarement démenties par la suite. Le spleen, la mélancolie, le romantisme ne constituent plus les sources d’inspiration exclusives de la jeune femme. La tonalité se veut également joyeuse, estivale, hédoniste...
Second virage, musical celui-ci. Barbara semble vouloir s’affranchir de ses influences passées pour mieux s’ouvrir à d’autres. Ainsi, les sonorités pop sixties – notamment les parties de claviers – se voient reléguées au rang d’écrin pour de nouvelles. Illustration parfaite sur "Mademoiselle Opossum" ; laquelle n’étant pas sans rappeler une certaine idée de la musique psychédélique chère à Os Mutantes.
Enfin, inutile de préciser que Barbara Carlotti n’a rien perdu de sa voix ni de son incroyable talent d’écriture ; ses textes témoignant toujours d’une qualité, d’une fluidité et d’une élégance trop rarement atteintes de nos jours. Tel un arbre cachant la forêt, "L’Idéal", chanson éponyme ouvrant le disque, constitue le titre auquel tous les autres veulent se référer. Dans le détail, l’album dévoile ses tubes en puissance (dont l’imparable "Chant Des Sirènes"), son lot de balades acoustiques à pleurer ("Bête Farouche" ou "La Lettre") ou des titres tout simplement magnifiques ("Changement De Saison" ou "Les Femmes En Zibeline").
Même si l’on peut – à raison – déplorer une baisse de régime au début de la face B ou quelques fautes de goût ("Kisses"), L’Idéal ne constitue rien de moins que l’éclatante confirmation d’une des artistes les plus douées de sa génération. Dernière étape avant une prévisible consécration ? |