Comédie dramatique de Tony Kusher, mise en scène de Krysztof Warlikowski, avec Andrzej Chyra,
Magdalena Cielecka,
Maja Komorowska,
Rafal Mackowiak,
Zygmunt Malanowicz,
Maja Ostaszewska,
Jacek Poniedzialek,
Boguslawa Schubert,
Danuta Stenka, Maciej Stuhr et
Tomasz Tyndyk.
Krysztof Warlikowski, figure de proue de la nouvelle génération des metteurs en scènes de l'Est, réussit magistralement une entreprise hardie et irréalisable à plus d'un titre.
Monter, dans sa quasi intégralité, "Angels in America", vaste fresque néo-réaliste des années 80 et des années Reagan brossée par Tony Kushner, qui traite d’amour et de sexe, d’abandon et de pardon, de l’intime et de l’universel, d’onirisme et de spiritualité, de maladie et de mort, du sida et de quête métaphysique... et des anges, hommes déchus ou esprits célestes.
Soit un spectacle d'une durée de cinq heures, qui plus est, joué en polonais sous-titré, procédant à une transplantation à coeur ouvert dans la Pologne du 21ème siècle d'une pièce datée et connotée en transcendant ce qu'elle a d'universel et d'intemporel et en rendant visible, sans trivialité aucune, l'irréel et l'invisible que sont les hallucinations et les incarnations séraphiques.
Dans une remarquable scénographie d'une incontestable beauté plastique de Malgorzata Szczesniak, Krysztof Warlikowski exalte la dimension tragique des personnages, compose des tableaux sublimes puisant dans l'iconographie picturale et dirige des comédiens talentueux, d'une justesse absolue et d'une humanité profonde, qui naviguent entre les gouffres émotionnels et les délires fantasmatiques, pour les mener sans faillir au terme de leur douloureuse quête.
Une mise en scène cinétique, à la fois symbolique et onirique qui n'est pas sans rappeler la patte lynchéienne, la musique de Pawel Mykietyn évoquant celle d'un fidèle de Lynch, Angelo Baladamenti.
Démiurge cinématographique, David Lynch dit "Je fabrique des mondes et je regarde s'ils fonctionnent". Simple créature de Dieu, Krysztof Warlikowski regarde comment le monde fonctionne et dévoile un homme nouveau. |