Groupe culte par excellence, la légende de GODMACHINE
s’est construite autant sur leur musique, sur leurs concerts que sur le
drame qui a entraîné la dissolution du groupe (le décès
brutal du bassiste Jimmy Fernandez en 1994 ). Depuis, le guitariste
et chanteur, Robin Proper Sheppard, a fondé SOPHIA,
devenu également culte notamment en Belgique et en Allemagne où
le groupe est un habitué de tous les grands festivals (Dour, Cactus,
Nandrin, etc.).
En France, le parcours du groupe a été plus confidentiel. Je
n’avais pas eu d’informations depuis au moins deux ans même
si j’avais vu le cd nommé De Nachten faisant référence
au concert enregistré lors du très bon festival annuel belge d’Anvers.
Quelle n’est pas ma surprise quand j’apprends qu’ils passent
gratuitement au Pop’in, très bon pub (pratiquant des prix démocratiques
si on est modeste dans ses choix) qui a une petite salle de concert. Au début,
j’ai du mal à y croire, je demande confirmation et puis, oui, oui
c’est bien ça.
Il y a du monde qui attend devant l’escalier qui mène à
la salle du Pop’in pour le retour à Paris de SOPHIA ( leur dernier
concert en France date de 1998 !), surtout des belges et – à ma
grande surprise - des allemands. L’accès à la salle du fond
est carrément bloqué ! Robin Sheppard qui se pointe vers 21 heures
a un peu de mal à se frayer un chemin pour accéder à la
salle et au passage, il salue quelques amis (belges). Tout le monde descend
avec lui mais Robin nous demande de remonter : c’est seulement le soundcheck.
Une demi heure plus tard, nous pouvons enfin accéder à la salle
; dans le même temps que Robin est remonté… Quand il monte
sur scène et se saisit de sa guitare, il est accompagné de Will
(que je n’avais vu) qui joue du clavier. Je n’avais jamais entendu SOPHIA en électroacoustique ni ne l’avais
jamais vu d’aussi près mais j’ai été fasciné.
Il commence par deux titres que je connaissais dont "if only"
dont la version intense me frappe plus que d’habitude. Le public est recueilli
et respectueux : c’est très rare de pouvoir assister à un
tel concert dans d’aussi bonnes conditions. Robin en a conscience et veut
préserver cette atmosphère : il demande plusieurs fois au public
de prêter attention à tel ou tel morceau, telle sonorité,
etc.
Même si le lieu est petit, les circonstances sont uniques et la prestation
atteint des sommets. Ensuite ils jouent plusieurs titres de leur nouvel album
qui sort en janvier 2004. Je me rappelle surtout d’un titre que Robin
a présenté comme "Fool" qui m’a particulièrement
intéressé.
Robin est impressionnant, très charismatique : il inspire le respect
même s’il a une figure de playboy. Assez grand, il a les genoux
légèrement pliés quand il joue et courbe légèrement
les épaules quand il chante ; il a pratiquement toujours les yeux clos.
Pendant ce temps, Will est courbé sur son clavier, attentif à
Robin, fumant de temps en temps une cigarette. Pour, Robin c’est de la
Heineken.
La musique crée une atmosphère où s’installe une
impression de fatalité de laquelle on parvient néanmoins à
se soustraire : l’espoir est permis. Le dernier morceau (que je ne connaissais
pas pauvre de moi !), dont la répétitivité de la musique
et des paroles contraste avec le sens des mots (ça me fait penser à
Lovecraft), est encore dans mon esprit :
Come to the sea my darling
Come to the sea my love
Follow me my angel
From the darkness of our world
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