Eric Bibb revient avec un disque double ; Spirit I am.
Connu par les amateurs de jazz pour des collaborations avec le pianiste Taj Mahal ou pour une première partie de Ray Charles, il est aussi un artiste suivi par la critique et distingué par de multiples récompenses.
Agé d’une cinquantaine d’années, il présente son dernier album comme un retour aux sources où le blues, le gospel, la soul ont trouvé naissance. En plus d’un album de composition, il offre sur un second, quelques reprises de chansons blues des années 20 , simplement jouées à la guitare. C’est sous les signes de la sobriété et de la pureté qu’il place cette espèce de quête des origines : l’origine du blues comme expérience particulière du peuple noir-américain.
Enfin ! il y a quelque chose qui ne me met pas à l’aise … Est-ce que c’est cette pose sur le disque : Eric Bibb est auréolé d’un chapeau blanc sur fond blanc pour mieux encadrer son visage noir plongé dans une méditation bienheureuse. Une mise en scène qui rappelle celle des icônes.
Ou est-ce cette petite voix maligne que j’entends malgré moi : "Mais est-ce que ça va pas bientôt finir de jouer du blues ? Y a plus rien de nouveau ni de frais. Pour quelques nostalgiques et quelques passionnés, passe encore. Mais moi, ça ne me ramène pas au présent. Encore , quand Nina Simone interprète , je sens les profondeurs de l’âme d’un peuple, cette rage rentrée, cette demande de réparation ou une sorte de fatalité douloureuse et c’est , comme si j’étais là devant elle et que je comprenais… "
Alors bien que l’album de Bibb fasse la preuve de qualités indéniables comme une bonne production, des chansons séduisantes, il se cantonne à un parcours sympathique autour du gospel et du jazz mais ne saurait toucher l’âme des mécréants : je veux dire ceux qui ne sont pas touchés par la foi et qui se sont également détournés du blues… depuis trop longtemps. |