Texte de Sacha Guitry dit par Jean-Laurent Cochet et Pierre Delavène.
Jean-Laurent Cochet voue une grande admiration à Sacha Guitry et se plait à faire découvrir, et à interpréter, des œuvres, comme il le dit lui-même, "tirées de derrière les fagots", restées ignorées à ce jour et pas seulement du public. Ainsi, a-t-il déniché "Aux deux colombes", comédie délicieusement acide, qu'il a mis en scène et joué et qui a triomphé au Théâtre Pépinière-Opéra cette saison.
Avant la trêve estivale, il propose un nouveau rendez-vous avec l'esprit et l'humour de Sacha Guitry dans un spectacle totalement différent en la forme consistant en une lecture d'une œuvre, là encore, non seulement totalement inconnue mais très étonnante, d'où le titre "Correspondance inattendue".
En effet, Sacha Guitry a publié, sous le titre "Correspondance de Paul Roulier-Davenel" la vraie correspondance d'un personnage imaginaire haut en couleurs qui se piquait d'une vocation de dramaturge, alors qu'il était un auteur fort médiocre, dont le talent essentiel résidait dans l'intérêt très vif qu'il manifesta, dès son plus jeune âge, pour le beau sexe et qui en fit l'archétype de l'amant.
Sa fatuité, sa frivolité et sa causticité constituent cependant autant d'atouts pour adresser à son ami Sacha de savoureux billets, pouvant être aussi satiriques que laudateurs, qui s'avèrent de judicieux véhicules pour l'esprit délié et la plume affûtée de celui qui, dès son jeune âge, manifesta tous les talents et notamment celui de prendre dans les rets d'un œil lucide les travers de ses contemporains.
La correspondance, Paul Roulier-Davenel, factotum de son créateur, est émaillée de portraits croustillants de célébrités de l'époque, appuyés de dessins de Sacha Guitry qui excellait à croquer une physionomie en quelques traits.
Cela va de la narration de ses aventures amoureuses, son périple comprenant aussi bien la femme transatlantique à sexualité débridée que la naïve adolescente paysanne et la jouissance fulgurante d'une rencontre de sleeping, que de réflexions sur la femme et l'amour et, bien évidemment, sur le théâtre, qu'il ne confond pas avec le petit monde des théâtreux, de l'étrange métier de comédien à la fustigation du critique dramatique dont il ne reconnaît ni la légitimité ni l'utilité
Dans ses notes d'intention Jean-Laurent Cochet indique : "Se délecter entre amis de textes d'une jeunesse, d'une intelligence et d'une lucidité surprenantes, tel est notre but".
Le but est atteint puisque ce spectacle, qui ressortit davantage à une soirée littéraire entre amis sous la fraîcheur d'une terrasse de villégiature, est délicieux et roboratif.
Jean-Laurent Cochet et Pierre Delavène, son fidèle disciple, formé à bonne école, tous deux l'œil pétillant et le sourire entendu, se régalent à la lecture de ces missives pétulantes, oeuvres de jeunesse qui contiennent déjà toute la quintessence du grand auteur dramatique, qu'ils nous délivrent avec une bonne humeur communicative. |