Les affiches sur les murs de la Boule Noire annoncent complet. Les premiers arrivés sont déjà massés devant la scène.
Après une première partie qui envoie du bois (Lazare), les roadies chevelus et de noir vêtus récupèrent les micros dégoulinants dans une demi pénombre et s’affèrent au changement de plateau.
La chaleur oppressante de la Boule Noire enveloppe déjà toute la salle quand l’intro de Merzhin commence. Lumière rouge, smoke machine, boum boum à la basse. Le concert s’ouvre sur une intro lourde, relativement lente, qui s’accélère après deux minutes, entrée du chanteur, première ligne au sax soprano, deux drapeaux bretons s’agitent dans la salle et sur scène, on commence déjà à faire parler la poudre.
Les lumières, l’entrée en scène, le choix de l’intro et de la chanson d’ouverture : on sait immédiatement qu’on est face à un groupe qui a l’expérience de la scène, que le concert est écrit. Que l’on aime ou pas, c’est bien en place.
Depuis le 2 juin, le nouveau CD+DVD live de Merzhin est disponible à la vente.
Merzhin, c’est de la musique pour jeunes : en live, cela se confirme par les thèmes bien sûr, l’écriture et le vocabulaire des textes, mais aussi par les sons choisis, la simplicité efficace des structures et des breaks.
Certains titres sont particulièrement accrocheurs "Maximum", "Pavillons Kamikazes", "Souriez". D’autres tombent facilement dans une attitude plus téléphonée ("Au bout de la scène"), des thématiques éculées pour jeunesse néo-libérée ("Rue Calumet").
Mais dans un live d’une vingtaine de titres, et son équivalent sur une galette très généreuse de seize titres, il y a forcément du bon et du moins bon.
Groupe de live depuis sa naissance, Merzhin est plus à son avantage avec l’image, sur scène ou sur écran, qu’avec le seul CD audio live.
Si celui-ci est un bel objet bien produit, il ne convainc pas totalement à la première écoute. Voir le groupe sur scène donne corps au disque qu’on écoute par la suite chez soi.
La set list du concert à la Boule Noire est d’ailleurs quasiment la même que celle du CD avec, cependant, 2 titres de plus joués sur les planches parisiennes : "Des fillons dans nos failles", qui s’intercale entre "Poussières" et "Conscience". "Fanny", qui passe avant le fondateur "Les nains de jardins". Et une reprise, en final, après cet habituel épilogue : "La chaleur des missiles" (album Soleil de plomb des Shériffs).
La voix manque parfois d’amplitude, mais ses accroches rocailleuses vont avec le côté chanteur rock assumé.
L’ensemble de la set list vit sur une interprétation binaire, avec d’un côté des chansons up tempo, et de l’autre, les chansons d’ambiance. Entre les deux, il y a parfois un manque de nuances.
Les musiciens font le job, notamment le sonneur ; un multi intrumentiste à vents qui se démène comme un beau diable sur scène.
A chaque chanson, il semble sortir de son escarcelle un nouvel instrument : saxophone soprano, bombarde, flûte, nouvelle bombarde, clarinette...
Les deux guitaristes assurent rifs, slides, et petite distorsion avec confiance. Guitare blanche demi caisse Yamaha, puis noire Godin pour le guitariste rythmique. Musicman et Le Maître (luthier breton) pour le lead, il y a sur scène avec Merzhin une quinzaine d’instruments, le tout avec une très bonne cohérence d’ensemble.
Et finalement, le rock premier degré de Merzhin accroche l’oeil et l’oreille. Sans prétendre à révolutionner le rock, ni même le celtique "On est sur la fin de la comète du renouveau celtique", Paul, Ludo et les autres pourraient prétendre à marcher un peu plus loin sur les braises bien fades du rock français d’aujourd’hui.
Et si le disque parait plus lent que le live, c’est que Merzhin est un groupe à voir en live pour profiter de son travail, du spectacle sons et lumières et de la chaleur de l’ambiance.
A ce titre, le double CD-DVD live est un beau produit, complet, qui force le respect mais manque peut-être de panache. |