Tragi-comédie de Shakespeare, mise en scène de Yann-Joël Collin, avec Julien Allouf, Mathilde Bisson, Lionel Dray, Ghassane El Hakim, Pierre-François Garel, Carole Guittat, Sara Llorca, Frédéric Noaille, Camille Pélicier-Brouet, Mathieu Sampeur et Sofia Teillet.
La classe de 2ème année du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique dirigée par Yann-Joël Collin présente "Le conte d'hiver" de Shakespeare.
Selon la note de présentation, ce spectacle se veut le reflet du travail de l'année qui a porté sur "la confrontation des points de vue de chacun autour de textes et de langages différents, des formes théâtrales très diverses pour que chacun puisse tenter de raconter sa propre histoire de théâtre, son propre conte à travers une fiction dont l'enjeu, comme pour Shakespeare, est la représentation elle-même".
Un travail sous influence majeure dans lequel se trouvent toutes les antiennes de la conception du théâtre, et de la mise en scène, de Yann-Joël Collin, qui trouve dans cette tragi-comédie composée de deux parties radicalement différentes, une tragédie de la jalousie suivie d'une pastorale sulpicienne, un matériau sur mesure pour scander l'acte théâtral.
Donc au programme, dilution des registres ou plus exactement leur mise en écho, avec l'introduction du comique dans la tragédie, et inversement du tragique dans la comédie, la dilatation de l'espace scénique qui se dédouble dans la salle et, à force de repousser les limites du plateau, sort du théâtre pour investir la rue, sur le mode tréteaux de bateleur de foire, puis l'église Sainte Cécile avoisinante, lieu propice pour la deuxième partie qui voit traite du mariage, du pardon des offenses et de la résurrection des morts, et volonté délibérée de connivence avec le public, tendant à la démythification, ou plus exactement à la démystification de l'illusion de la représentation pour y substituer l'action théâtrale qui construit la fiction.
L'ensemble fonctionne bien et les plus convaincants sont incontestablement les deux élèves qui incarnent le tragique couple royal : Pierre-François Garel, acteur investi à la personnalité patente, son aisance à passer du pathos à l'ironie, de la folie à la sobriété, de la démesure à l'ascétisme du jeu, et Carole Guittat, à la technique maîtrisée et au jeu limpide, net, sans effets. |