Seattle, année 2008, le deuil est enfin fait, Kurt Cobain repose en paix et la jeunesse a tiré un trait sur le grunge, patrimoine musical de la ville depuis quelques temps.
The Cave Singers ont donc choisi de ne pas surenchérir dans le bruit et les cheveux gras et les ont tronqué contre barbes et instruments acoustiques au son aussi sec qu'une saucisse de montagne.
The Cave Singers, c'est le mélange improbable et parfait de la musique envoutante de Sixteen Horsepower avec la voix légèrement éraillée d'une sorte de Marianne Faithfull jeune.
Sauf que là, cette voix magnifique est celle de Pete Quirk, jeune homme aux joues rondes et barbues, à peine sorti de sa mue. Cette voix à la fois si sûre d'elle, si douce malgré son côté éraillé déborde de force et de charisme.
Derrière, ses deux compères, dans une économie de moyens certaine, réussissent à envelopper le chant dans une musique acoustique toute aussi puissante et prenante que celle de David Eugene Edwards ("New monuments"), décibels en moins. Ici, tout ressemble à une comptine et devient petit à petit une ballade folk des plus malsaines, réellement bouleversante.
Le groupe se paie même le luxe d'un tube sur "Dancing on our graves", aussi noir que sautillant à la rythmique imparable. Ca s'emballe aussi sur "Oh Christine" avec son harmonica et sa guitare très coin du feu mais ultra efficace, encore une fois grâce à cette voix tellement directe, habitée et sincère.
L'absence d'artifice pourrait rendre l'écoute un peu pénible de prime abord, mais une fois plongé dans l'ambiance de cet album, l'immersion est garantie pour une durée indéterminée.
Ce disque est une merveille et The Cave Singers un groupe à suivre. Il y a fort à parier que Pete Quirk et sa voix atypique accompagné de Derek Fudesco et de Marty Lund sont voués à un destin pas comme les autres, torturé sans doute, mais brillant sûrement. |