Réalisateur M. Night Shyamalan. USA / Inde, 2008. Fantastique. Avec: Mark Wahlberg, Zooey Deschanel, John Leguizamo.
Un mal inconnu frappe les grandes métropoles du Nord Est américain. Les gens touchés se suicident sans motif.
Elliot Moore, professeur de sciences à Philadelphie doit fuir la ville avec sa femme et un ami accompagné de sa fille. Malheureusement, ils apprennent à leur dépends que le fléau s’étend aux campagnes. Moore face à l’étendue du désastre cherche à trouver une explication rationnelle au phénomène.
M. Night Shyalaman, après La jeune Fille de l’eau, sorte de conte new age, a réalisé un film qu’il qualifie lui-même de série B. C’est aussi et surtout un film efficace, qui distille la peur à travers un sentiment de paranoïa permanent.
Tout d’abord, le thème abordé est universel : le sort de notre planète. En effet, parler d’écologie de façon à alerter est de bon ton. Nombreux sont les films ou documentaires qui ont abordé le sujet de façon préoccupante ces derniers temps. Citons entre autre Une vérité qui dérange de Al Gore, Le jour d’après de Roland Emmerich, et Un jour sur Terre de Alastair Fothergill et Mark Linfield. L’inquiétude est palpable, le réalisateur l’a exploitée ici.
Même si ce film est plus consensuel que les précédents, les amateurs de Shyamalan retrouveront sa signature. Consensuel, car son scénario est très classique, minimaliste, et suit les canons du film de genre : des personnages qui luttent pour leur survie, une fin qui indique que le fléau est loin d’être éradiqué. On peut aussi critiquer la quasi absence de psychologie des héros qui ne sont que des simples marionnettes au service de l’histoire. Disons que ceci permet au film de gagner en efficacité, c’est au final ce que l’on demande à une série B sans surprise.
Mais Shyamalan apporte toutefois sa griffe bien reconnaissable à l’ensemble. On retrouve sa superbe esthétique, en particulier dans les plans ou il filme la nature. Le vent dans les arbres, les nuages, les champs prennent vie sous sa caméra, et deviennent des personnages à part entière. Ce réalisateur a le don de s’approprier les espaces qu’il filme de façon poétique.
De plus, certains plans effrayants sont remarquables. On notera en particulier la scène ou des ouvriers du bâtiment se jettent les uns après les autres du haut d’un immeuble, cette pluie humaine rappelant la scène traumatisante du onze septembre, ainsi que ce long plan-séquence de suicides à l’arme à feu ou l’on ne voit que les pieds des victimes successives, puis leurs mains se saisissant de l’arme avant qu’elles ne s’écroulent sur le sol.
Un autre trait Shyamalanien (oui, c’est un peu barbare comme terme), c’est l’humour salvateur. Blagues graveleuses, Wahlberg qui parle à une plante en plastique, longue tirade sur le bienfait des hot-dogs, tout ceci prenant place dans une situation apocalyptique. Ces intermèdes nous permettent de dédramatiser sans jamais éroder la sensation de malaise permanent.
Cependant, ce film est décevant après son magnifique prédécesseur qui était beaucoup plus personnel et poétique. A côté, Phénomènes semble bien pâle et ne tient pas la comparaison.
Malgré tout, ceci n’est pas décourageant, ce film demeure avec Diary of the Dead (merci Monsieur Romero) le film de genre le plus réussi depuis le début de cette année 2008. Espérons seulement que M. Night Shyamalan se réappropriera la prochaine fois le don de conter des histoires dont seul lui a le secret.