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Interview  (Par téléphone)  juin 2008

Interview par téléphone avec Pedro Winter, aka Busy P, artiste électro, surnommé souvent le "troisième Daft Punk" puisqu'il a été leur manager pendant douze ans, et fondateur du label qui a explosé en 2007, Ed Banger Records.

Peux-tu brièvement nous expliquer les étapes de ton évolution dans le milieu de la musique électronique ?

J'ai découvert l'électro en 1992, fait mes premières soirées en 95 au Palace, j'ai commencé à m'occuper de Daft Punk à partir de 96, et cela pendant douze ans. En fait, j'ai arrêté de les manager il y a deux mois, mais c'était vraiment une séparation naturelle et cordiale. Et puis Ed Banger me prenait de plus en plus de temps et c'était le plus important pour moi.

La création d'un label était prédimité dans ton esprit depuis de longues années ?

Ed Banger a été créé sur un coup de tête en 2003, après la rencontre avec un artiste que j'aimais beaucoup, Mr Flash. Il voulait que je le manage et finalement, j'ai sorti son maxi et j'ai créé le label en même temps. J'ai investi l'argent que j'ai gagné avec Daft Punk pour lancer le label. D'ailleurs, quand j'ai monté le label, je ne savais même pas quel allait être le second maxi, ce qui est plus qu'inhabituel pour un label. Et puis j'ai rencontré Justice, "We Are Your Friends" a été le second maxi sorti sur le label. C'est un peu un coup de chance que ce maxi ait marché comme ça.

Que tires-tu comme bilan de l'expérience Ed Banger pour l'instant ?

C'est tôt pour tirer des bilans mais je suis fier que des gens comme Kanye West connaissent le label ou que Rick Rubin ait écouté l'album de Justice. Puis on a réussi à faire des mélanges de musique improbable en théorie. Ce qui est génial, c'est que maintenant on arrive à rendre un public hystérique avec un mélange de techno et de rap. J'espère juste que Ed Banger ne sera pas un label Kleenex, mais un vrai label qui va continuer à se construire.

Et que réponds-tu aux gens qui disent qu'Ed Banger est plus une marque qu'un label ?

Qu'ils ont complètement raison et que c'est plus qu'un label. Le phénomène Ed Banger m'a déjà un peu dépassé à vrai dire.

Quels retours as-tu eu sur Ed Rec III ?

J'en suis vraiment content. Pour moi, c'est la meilleure compil du label parce qu'elle montre qu'Ed Banger va plus loin que des simples distortions.

Tu viens de signer DSL. Quelles sont les autres sorties prévues ?

Je viens de signer un nouvel artiste qui s'appelle Mickey Moonlight dont le maxi, qui va sortir cet été, risque d'en surprendre beaucoup parce que c'est totalement disco. C'est un mec de Londres, Midnight Mike, qui jouait dans Zongamin. Il y aura un remix de Riton sur le maxi aussi. Il y aura aussi un Dvd live de Justice à Noël, filmé pendant la tournée américaine et mon maxi, "Pedrophilia", à la fin du mois, avec le featuring de Murs et plein de remixs, de Mr Oizo et des Crookers entre autres. Et plein d'autres choses en prévision bien sûr !

Parlons de ce featuring de Murs. Comment l'as-tu rencontré ?

C'est une histoire assez drôle. On s'est rencontré dans une compétition de skate, il y a des années. J'étais Dj pour la soirée et lui MC. Puis on s'est perdu de vue. J'ai parlé avec le directeur artistique de Warner bien plus tard qui m'a dit qu'il fallait absolument que j'écoute leur dernière signature, et c'était Murs. On s'est revu et je cherchais un MC pour un featuring. De là est né "To Protect And Entertain", un morceau très second degré sur Los Angeles. On a d'ailleurs d'autres featuring en projet.

Comment en es-tu venu à composer d'ailleurs ?

Pour moi, l'électro c'est comme une secte, une sorte de cercle. Si tu aimes l'électro, tu dois avoir des vinyles, une platine, c'est comme une appartenance à un mouvement. J'ai acheté un sampler, un MPC 2000 pour être précis, en 97, et j'ai commencé à tapoter dessus pendant mon temps libre à la maison. Puis j'ai commencé à l'exploiter et à faire des chansons. J'ai sorti "Rainbow Man" sur Ed Banger Records, bientôt "Pedrophilia" et j'ai aussi fait quelques remix.

On retrouve un style, au niveau vestimentaire particulièrement, très propre à ce courant électro, quelque peu à la manière de Run DMC dans les années 80, avec leur Adidas et leurs lunettes, à travers tout ce courant Ed Banger/Institubes/Fluokids. C'est un héritage ?

Ce qui est assez étrange dans le fond, c'est que les Run DMC, on l'analyse uniquement maintenant alors que le mouvement Fluokids, Ed banger, Institubes, on analyse tout de suite. Je ne pense pas que notre style soit réfléchi, c'est comme si on recrachait toutes nos influences dans notre style. Je ne fais pas attention à mettre un tee-shirt Guns And Roses avec un jean slim et une casquette, c'est comme une évidence pour nous.

Quel souvenir tires-tu de la période rave ?

Les débuts d'une aventure folle où on prenait les navettes Porte de La Chapelle pour aller faire la fête dans des champs. Il y avait un côté interdit qui nous plaisait. Et c'est évident que la drogue en écoutant la musique du démon, ça construit en partie un homme !

Tu ne pense pas qu'en France, il faut dire aux gens qu'un artiste est bon pour qu'ils l'apprécie ? Comment tu expliquerais ce besoin de "repère musical", incarné notamment par les médias ?

C'est sûr que c'est un des problèmes de la musique en France, mais aussi en Angleterre par exemple. Là-bas, c'est le NME qui pousse les kids à aller acheter des disques. C'est dur de découvrir des choses maintenant. Soit tu regardes TF1 et tu es vraiment dans la merde, soit tu as un grand frère qui te fait découvrir Led Zeppelin, Pink Floyd et Kraftwerk. Par chance, ça a été mon cas. Mais on essaie avec le "pouvoir" qu'on a de pousser les gens à découvrir des artistes ; c'est pour ça que je choisis soigneusement ce que je mets dans la playlist que je fais pour "Trax".

D'ailleurs, quels sont tes coups de coeur du moment ?

L'album de MGMT qui, pour moi, est l'album de l'année. L'album de N.E.R.D risque d'être mon album de l'été, le Lil Wayne aussi. J'écoute aussi un groupe de rock que j'aime beaucoup qui s'apelle les Savy Fav.

En parlant de groupe de rock, j'ai entendu dire que tu aurais rêvé de signer un groupe comme Wolfmother.

Oui, c'est vrai que j'adorerais signer un groupe de rock. Je voulais signer Fancy il y a trois ans mais finalement, ça ne s'est pas fait. Je pense qu'ils regrettent un peu maintenant de ne pas avoir signé chez nous. C'est dommage d'ailleurs, c'est un groupe que j'adore par sa personnalité et son style un peu décalé et dans lequel je me retrouve complètement. J'ai toujours un peu été celui en marge à cause de mon style bizarre : plus jeune, par exemple, j'avais les cheveux décolorés (rires).

J'ai aussi lu que tu aimais beaucoup Born Bad Records, le label de Frustration, pourtant à mille lieues des maxis que tu sors.

J'aime bien ce que sors Jb. D'ailleurs, j'ai samplé "Rainbow Man" sur une compil qu'il a sorti. J'aime beaucoup Frustration et Cheveu, c'est complètement barré. Et la cold wave, ça me parle complètement. En plus, j'adore l'intégrité de son label.

Le label est au centre de la polémique avec le clip de "Stress". Comment vis-tu cela ?

C'est une épreuve fatiguante de se justifier à tout prix. Je ne peux parler qu'au nom du label, je ne suis pas le haut parleur de la pensée du réalisateur et du groupe. Justice est arrivé en me disant qu'ils allaient faire quelque chose qui allait casser leur image. Maintenant, je ne regrette rien, mais c'est bien évident que ça me dépasse d'entendre que c'est un clip raciste. Mais je peux aussi entendre ce que disent des gens comme Joey Star, qui a dit qu'on avait joué avec des codes qui nous dépassent et qu'il fallait prendre avec des pincettes.

En surfant, je suis tombé sur une vidéo mimant une sorte de clash entre toi et de Booba, sans aucune explication. C'est quoi cette histoire ?

Nike a choisi deux personnes par pays pour les 25 ans de la Nike Air Force. Pour la France, c'est moi et Booba. Même si je ne domine pas vraiment la "sneaker culture", je suis content d'avoir été choisi avec Booba, qui est pour moi le meilleur MC français. On s'était déjà croisé deux, trois fois avant, mais on ne se connaissait pas. D'ailleurs, il m'a dit qu'il pensait que j'étais le frère d'Ophélie Winter avant qu'on se parle vraiment.

Ed Banger semble s'opposer à l'électro qui domine le marché depuis un moment maintenant, à savoir David Guetta, Bob Sinclar et toute cette scène électro palmier/Ibiza. Quelle vision as-tu de leur musique et de tout cet aspect "électro de supermarché" ?

J'ai beaucoup de sympathie et de respect pour David Guetta, il a beaucoup fait avancer les choses pour la musique électronique, même si on n'a pas suivi la même voie. Je ne me sens pas proche de cette scène palmier, mais en même temps, je joue avec Dj Medhi à Ibiza cet été, pour les soirées We Love Sundays au Space. C'est Darren Hughes, le pape de la culture club, qui nous a invité, et ça nous rend très fier. Maintenant, je ne suis pas du tout dans le délire Roger Sanchez et bouteille à 1000 euros, mais Ibiza c'est vraiment mortel !

Ce style vestimentaire multicolore et cette modestie, ce n'est pas une façon de garder les pieds sur terre ou au moins d'en donner l'impression ?

C'est vrai que So-Me me dessine sur toutes les pochettes, le logo me représente et donc que je suis prétentieux. Mais je suis réellement modeste, sinon je ne dirais pas que j'ai eu de la chance que le label marche mais que j'ai une oreille inée qui me permet de déceller le futur carton à venir. C'est l'héritage de l'éducation que j'ai eu avec Daft Punk, ils m'ont vraiment appris à relativiser les choses.

 

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En savoir plus :
Le Myspace de Busy P
Le site officiel de Ed Banger Records
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