Pendant longtemps, les Black Keys ont eu l'image du revival rock'n'roll crasseux, quasi puant, qui faisait transpirer plus d'un rocker sous sa veste cuir avec des riffs ravageurs et une batterie sauvagement martelée. Mais avec ce Attack And Release, cette image risque bien de changer.
Composé initialement pour Ike Turner, disparu avant la fin du projet, ce disque est né de la collaboration du duo américain avec le producteur renommé Danger Mouse, moitié de Gnarls Barkley, ayant déjà fait parler de lui par l'affaire du Grey Album (mashup du White Album des Beatles et du Black Album de Jay-Z qui lui aura valu des millions de téléchargement mais aussi de nombreux ennuis judiciaires avec EMI, détentrice des droits du White Album), puis par son talent de production sur Demon Days de Gorillaz ou encore sur l'album de The Good, The Bad and The Queen.
Une nouvelle page s'est donc tournée pour les Black Keys, pour qui il aura fallu attendre cinq albums pour tenter l'expérience du studio, alors que les précédents opus avaient tous été conçus entre la cave et la cuisine. "So He Won't Break", premier avant-goût de cet album, avait poussé à croire que cet album serait l'un des meilleurs Black Keys ; mélodique et captivant. Suite à l'écoute de ce nouvel opus, il est évident que cet album est un grand cru, mais qui risque d'en surprendre, voire décevoir, plus d'un.
Malgré quelques titres en demi-teinte (un "Thing Ain't Like They Used To Be" mou et un "Oceans & Streams" lassant), Dan Auerbach et Patrick Carney montrent qu'ils sont toujours aussi à l'aise avec l'exercice du rock vif et tranchant. "I Got Mine", "Strange Times", "Remember When (Side B)", "Same Old Thing", morceaux aux rythmes endiablés créent même un contraste avec "Psychotic Girl" ou encore "All You Ever Wanted", titres plus lents mais tout aussi efficaces.
Bien que la touche Danger Mouse soit indéniable (son brut, effets de compressions évoquant les années 60), la frappe Black Keys reste bien présente. Le duo américain n'a donc pas entièrement vendu son âme au producteur. Dans la digne lignée de morceaux comme "Your Touch", issu de l'album The Magic Potion, alors dernier en date, cet album devrait ravir les amateurs de riffs tueurs et de fûts massacrés.
Sans doute plus accessible que les précédents, Attack And Release est un disque frais, spontané et talentueux, qui prouve que les Black Keys sont bien plus qu'un petit groupe de blues-rock qui ne jure que par le passé. Une évidence quand le groupe de blues évoque plus souvent le Black Devil Disco Club que Junior Kimbrough dans ses récentes interviews. |