Comédie dramatique de Christian Rullier, mise en scène de Jean-Charles Mouveaux, avec Anna Moret et Anne-Lise Roland.
Deux femmes, face à face. Une rencontre cruciale entre Annabelle dont le mari et le fils ont été tués par la voiture conduite par Zina. Mais les choses de la vie ne sont pas si simples que cela.
"Annabelle et Zina". De A à Z, de la première à la dernière de l'alphabet. La vie qui s'égrène ainsi pour Annabelle qui croit aux signes, elle qui a épousé Bernard et a eu un fils qui s'appelait Christian, etc…, pour une révolution karmique, une révélation intérieure, pour un cycle rédempteur. Et qui est Zina, image en miroir, enfant gâtée dans tous les sens du terme.
Assiste-t-on à une confrontation réelle ou à la représentation d'un huis clos ? Annabelle et Zina sont-elles deux, deux femmes pour lesquelles le même événement entraîne un comportement en "vases communicants" à double sens, chacune se nourrissant de l'autre, ou la déclinaison janusienne d'une figure unique ? Dans quel espace-temps se meuvent-elles ? La réalité ? La fiction ? Le délire ?
Autant d'équivoques que la mise en scène de Jean-Charles Mouveaux, qui affectionne les textes simples mais lourds d'une pluralité de sens, à l'instar des excellents Lagarce qu'il a montés au Théâtre du Marais en 2007, ne lève pas, laissant ouvert au spectateur le champ d'exploration de l'humain.
Pas davantage que l'interprétation de Anna Moret et Anne-Lise Roland, deux jeunes comédiennes très investies dans leur rôle, des portraits de femmes au fort potentiel qui va sans doute prendre de l'ampleur au fil des représentations, et dont la qualité de jeu porte l'ambiguïté du texte de Christian Rullier qui, plus littéraire que dramaturgique même s'il comprend une intrigue, s'apparente à un monologue circulaire à deux voix pratiquant la déconstruction du réel ordinaire. |