Merde, j’ai raté Generic… Sinon, sous le chapiteau, Daniel Darc me fait rire. On dépense tellement d’énergie pour communiquer sur son aura noire de survivant, de loser magnifique, qu’il me fait marrer. Trêve de mauvaises blagues, Tunng joue à la Loggia et là, c’est le grand sourire. Le cagnard tape fort, les musiciens néo-hippies jouent leur folk complètement barré dans les cieux, arpèges délicats, sonorités cristallines, on commence la journée en planant, se surprenant soi-même en pleine béatitude. Qu’est-ce qu’on est con quand on est heureux. Ah oui !, leur hommage à Judas Priest fut une bonne surprise et un sacré moment de rigolade. Ah, ces hippies…
Camille est la grande secousse de la journée.
Merveilleusement entourée par quatre choristes / danseurs (-euses), deux beat box humaines et un homme-piano à tout faire, notre chanteuse aventureuse nous bouleversera, nous retournera le bide et nous fera rire, nous inquiètera et nous enjôlera.
Son incroyable mix de chanson barrée, de world musique, de jazz vocal, de hip-hop, (de tout un tas de trucs, en fait) est parfaitement original et dynamique, à fleur de peau, chaud, vivant. Pour une fois, le public accroche sur quelque chose de vraiment créatif et frais, demandant deux rappels, honorés avec panache (et Nosfell en invité dans le dernier).
Björk peut ramasser ses computers et ses lasers, ici, pas de gadget, juste la beauté et les expérimentations des voix, en français, en anglais et en yaourt. On a besoin de plus d’artistes comme elle, transgenres, anticonformistes, soufflant un vent de liberté tout simplement jubilatoire. Boom-bapab-tirlirili ! Dzzoiiiing !
Après pareille baffe, il ne nous reste plus qu’à nous étendre dans l’herbe avec des amis pour écouter la soul classique de Sharon Jones & The Dap Kings.
Mais notre tête est ailleurs. Ce n’est pas The Do (barrez vous-mêmes le "o" à barrer, c’est de la chronique interactive, les enfants) qui va nous faire passer à autre chose.
Séduisant au premier abord, on se rend vite compte des aspects putassiers inhérents à toute surestimation hypeuse. Passons.
Nick Cave et son Grinderman, eux, savent nous emmener dans un autre monde salvateur : du bruit et de la fureur contenue. Enfin, contenue, pas toujours...
En une orgie de rock’n’roll râpeux et bruyant, le grand échalas australien et ses collègues pileux fracassent les codes de la musique professionnelle, s’amusent comme des gosses, brisent du matériel, se plantent et n’en n’ont rien à braire et nous font l’honneur de jouer Tupeloooo des Bad Seeds en rappel.
La classe, la hargne, le No Pussy Blues et le diable, le stupre el l’éthanol, le lysol et le foutre, la bonne sœur déculottée par l’abbé saoul rugissant tel le razorback. Merci messieurs ! Il ne manquait plus que les crocodiles.
On souffle, on mange et on manque Red Sparowes. Dommage : on arrive pour le dernier morceau, puissant et gracieux.
Et pour couronner le tout, je raterai plus tard Fucked Up (sensation hardcore punk complètement folle, si j’en crois les avis convaincants de mes potes plus chanceux) pour me taper la grosse daube hip-hop ricaine N.E.R.D. à la place.
Clinquante production neo-métallisante sur les bords, ce show formaté, mégalo et démago fut notre dernier concert du samedi avant la marche des neuf kilomètres. Peuh… |