Comédie dramatique de Colin Higgins, mise en scène de Bruno Dairou, avec Gianna Canova, Arthur Marraud des Grottes et Fabien Duprat.
Monter au théâtre "Harold et Maude" n'est pas une mince affaire, tellement le film fût marquant et a imposé les personnages dans nos mémoires. Heureusement, il y a l'adaptation particulièrement réussie de Jean-Claude Carrière (jouée dans les années 70 par Madeleine Renaud).
Ce texte, ajouté au talent de Bruno Dairou, excellent directeur d'acteurs (à qui l'on doit deux grands spectacles du festival Avignon Off ces dernières années : "Oléanna " de David Mamet, et "L'amante anglaise" de Marguerite Duras, cette année) permet de renouveler cette histoire de Colin Higgins.
Mais bien sûr, il fallait trouver une Maude capable de nous embarquer avec elle, nous surprendre et nous émouvoir. Gianna Canova réussit tout cela à la fois avec une énergie, une tendresse et une générosité pas croyable. Elle est Maude. On en oublie même son accent italien si chantant.
Dès le début, telle une tornade, elle déboule et rend crédible et, à la fois, complètement surréaliste ce personnage qui respire la vie à chaque instant, face à un jeune (presque) déjà mort. A ses côtés, devant tant d'aisance et de naturel, ses partenaires - très bien tous - ont tout de même du mal à trouver leur place. Les sculptures qu'elle a elle-même réalisées apportent à la scénographie une couleur aussi scintillante que sa Maude.
Et l'ingéniosité du metteur en scène de remplacer une partie des personnages secondaires par des comédiennes filmées ajoute une touche supplémentaire à l'enchantement du spectacle.
On n'oubliera pas de sitôt cette fin si poétique et visuellement magique (le couple couché sur un lit de pétales de fleurs, jonchant le sol) à l'image de ce spectacle et de cette comédienne fabuleuse. |