Départ de paris le vendredi soir, direction le Nord, tornade plus quelques jours, sortie ratée, errances départementales, arrivée tardive, pas de pass.
Principe du festival : la Grande Scène, gratuite, fait écho au Jardin (9 euros). De l’un à l’autre, traversée d’une fête foraine, ce qui donne lieu à des moments acoustiquement surréalistes.
Certains forains, vraisemblablement mal disposés envers la programmation du festival, poussent leur sono à fonds et les "que je t’aimeuh..." et autres hymnes autotamponnesques viennent parfois sur le chemin couvrir la rumeur des groupes en train de jouer.
Plus heureuses sont les rencontres, au fil des pérégrinations dans la ville, avec les Tarctors, pratiquement des remorques de camion tirées par des tracteurs, un coté ouvert permettant de voir et d’entendre le groupe installé à l’intérieur. Chacun peut, s’il le souhaite, suivre son Tractor.
La Maison du Festival, centre névralgique, est l’étape obligée pour les rencontres avec les organisateurs et pour les achats de pass et de places pour le Jardin, pour la Bonaventure (lieu qui accueille les concerts de la nuit profonde, quand les scènes extérieures ont fini leur programmation) et pour les Parcours Secrets. Ces derniers permettent, via un court voyage dans un bus aux vitres obturées par du plastique autocollant noir, d’aller découvrir un artiste se produisant dans un endroit situé hors du centre ville d’Aulnoye-Aymeries.
Détail important : à la montée dans le bus, ni le lieu, ni le nom de l’artiste ne sont connus à l’avance, tout au plus connait-on la liste des musiciens qui jouent dans ce cadre pendant le festival. Intérêt évident : le hasard qui peut palier les insuffisances de la curiosité et procurer ainsi de belles rencontres. Inconvénient : il n’est pas possible de choisir le groupe que l’on veut voir, d’où une certaine frustration quand on réalise qu’il n’y a aucune possibilité d’approcher les artistes participant aux parcours secrets hors de ce cadre. Quelques situations tragi-comiques : notre parcours nous amena dans une chapelle ce qui, au retour, déclencha les récriminations d’un des participants au prétexte qu’on lui avait imposé d’entrer dans un lieu de culte d’une religion différente de la sienne. En tant qu’athée, je n’ai pas eu d’état d’âme.
En résumé, un festival original, bénéficiant d’une programmation musicale de très grande qualité. En profiter tant qu’il reste à taille humaine.
En termes de musique donc :
Fin de concert d’Adam Kesher le vendredi soir sur la grande scène, prometteur groupe bordelais, à la musique nerveuse et racée. Pas vraiment le temps de se forger une opinion solide mais à en juger par l’ambiance, le concert était une réussite. A suivre et à revoir.
Samedi 9 août : concert de Luna Lost au Jardin, jeune groupe français (ou plus exactement un duo accompagné de deux musiciens) qui fêtait, ce jour-là, la sortie de son premier album. Techniquement irréprochables, la voix de la chanteuse se rapprochant par moments de celle de Pj Harvey.
Malgré une reprise très personnelle de Depeche Mode ("Never let me down") et un enthousiasme évident, j’ai trouvé l’ensemble du concert assez décevant. Classicisme des compositions et des arrangements, accent anglais à mon avis trop approximatif quand on veut chanter dans cette langue et être crédible. Défauts corrigeables.
Casiokids sur la Grande Scène. Compte tenu de l’heure (19h), cette dernière reste à moitié vide. Dommage pour les absents car le groupe norvégien est en pleine forme et déroule un show d’excellent qualité, parfois hilarant et toujours réjouissant.
Autour d’un batteur, un bassiste et un guitariste, trois olibrius tapotent des vieux synthés casios cablés à on ne sait quels improbables modules d’effets, dansent, miment, chantent parfois et bricolent une musique souvent dansante, assez sophistiquée, en particulier dans les dissonances, en donnant l’air d’éviter au maximum de se prendre au sérieux.
Il flotte dans l’air un soupçon de parfum des B52’s du début. Parfois, sur un ou deux morceaux, l’auto-dérision s’affaiblit et on est alors surpris par la tension sous-jacente des compositions, et on en arrive à se demander s’il ne serait pas finalement souhaitable que le groupe minore son coté "clown" tant le résultat est probant. Groupe à voir et à écouter, bon moment garanti et potentiel musical évident.
Parcours Secret : le bus nous dépose devant une chapelle. A l’intérieur, un piano et Chris Garneau, jeune chanteur américain. Visiblement timide et tendu, il joue pendant trois quarts d’heure l’essentiel des compositions de son album, touchant par sa présence maladroite et l’extrême sensibilité qu’on lui devine.
La spécificité du lieu renforce encore le caractère mélancolique des chansons. Belle voix haut perchée, intimisme et tension. On pense parfois au Bowie de "Life On Mars ?" sur quelques enchaînements d’accords, et bien sûr à Jeff Buckley.
Retour à la Grande Scène : Girls In Hawaii. Deuxième moitié de concert. Il fait maintenant nuit noire et les light shows sont superbes, ce qui modifie l’appréciation de l’ensemble. Notons que le terrain imparti au public de la Grande Scène est plein à craquer.
Impressionnant de maîtrise sonore, le groupe (belge) fait visiblement l’unanimité pour lui.
Les morceaux connus prennent en live une chair et une puissance inattendue, sans artefacts et sans perdre de leur subtilité.
J’avoue avoir été bluffé par la capacité du groupe à se hisser à se niveau de prestation scénique, tant leurs compositions recherchées, agrémentées d’accords sixties (Byrds) ne sont peut-être pas les plus évidentes pour créer une grosse ambiance. Un groupe vraiment à suivre.
Sébastien Tellier au Jardin : superbe light show également, costume de star, ironie et distanciation.
Egal à lui-même. Concert qui démontre tous les talents du personnage (j’ai découvert qu’il était également particulièrement habile une guitare à la main). Question : l’intelligence peut-elle nuire à l’émotion ?
Vitalic sur la Grande Scène : l’artiste seul sur scène, entouré de ses machines, nimbé de lumière.
Tout autour de nous, des ravers, la tête à l’envers. N’ayant rien absorbé de trop alcoolisé ou d’illicite, nous tenons 10 minutes en nous ennuyant ferme puis, actant du fait qu’il n’y a rien à voir et rien à écouter, nous retraversons la fête foraine.
Un jour, peut-être, je comprendrai.
Camille au jardin. Au début de l’après-midi, nous avions pu assister aux réglages des voix du spectacle, Camille répétant avec ses choristes et chanteurs.L’occasion de prendre la juste mesure du talent artistique et technique et du professionnalisme de la dame et de son équipe.
Le show du soir est réglé comme du papier à musique, costumes et éclairages renforçant la magie des chansons.
Trop bien réglé ? N’étant pas naturellement fan, je ne parviens pas à être touché. Question : le professionnalisme peut-il nuire à l’émotion ? |