C'est
sur "Success is never Enough" que démarre
ce EP du même nom d'un nouveau groupe d'outre manche du nom de Luxembourg.
Titre évocateur qui affiche directement les prétentions du groupe
: le succès certes mais de toute façon on fera toujours mieux
la prochaine fois (enfin c'est une lecture parmi d'autres, j'espère avoir
la réponse dans une prochaine interview ...).
Ce nouveau groupe, pas encore distribué dans nos contrées hostiles,
remet vite les pendules à l'heure avec ces quatre titres. A savoir que
l'Angleterre c'est encore pour un bon moment le pays de la pop musique, et de
la bonne qu'on se le dise.
Alors bien sûr je vous entend déjà me susurer à
gorge déployée dans l'oreille que les Smiths, cela fait
belle lurette qu'ils sont rangés dans notre boîte à souvenirs,
que Suede vient de rendre les armes, que Strangelove n'est
plus qu'un groupe culte à ranger au panthéon des superstars défuntes
comme Gene et ses quelques chansons indispensables. Certes, factuellement
vous avez raison mais LA pop est un phénix et c'est sans compter sur
Luxembourg qui réussit sur quatre titres un parcours sans faute pour
incarner un de ses nouveaux avatars.
Tout commence sur "Success is never enough", qui démarre
sur une intro de tube disco/pop (si si ca existe maintenant) imparable, mélodie
parfaite, rythme endiablé, guitares incisives et un duo basse/batterie
percutant souligné par une ligne de synthé omniprésente
sans être dévorante. Et puis une voix très prégnante,
chaleureuse, ample et troublante de la famille de celle de Morrissey
mais aussi, par sa grande amplitude, de celle de Jimmy Summerville (rien
à voir avec le genre, juste les intonations dans les aigus).
"(I need) a little bit more (than you can give me)" nous
emmène du côté de Love and Other Demons de Strangelove
avec une plus belle tessiture de voix.
En revanche sur "Making Progress" David,
le chanteur, "parle" dans un registrre stylistique proche de Divine
Comedy et My life story et plus précisément de celui
d'un groupe américain (presque) oublié The Blue aeroplane,
avec cette musique très péchue et ce texte parlé d'une
voix parfaitement ferme et assurée. Une réussite, que dis je un
tube, voire même déjà un classique.
"Raised" termine ce disque dans un relatif apaisement. Titre
sur lequel la part belle est faite une fois encore à la voix, superbe
dans ses couleurs de Morrissey crooner.
On pourra bien entendu regretter un peu la production, le son est assez faible
et un peu "étouffé" mais cette critique disparait dès
qu'on pousse un peu le volume. Et puis si à la première écoute
on regrette un peu l'omniprésence des synthétiseurs, il faut reconnaitre
que cela participe grandement à l'ambiance générale sans
les conséquences musiennes dommageables. Luxembourg possède un
potentiel non négligeable, manifestement du talent et une voix charismatique
qui devrait les mener loin.
De la passion, de la douceur, de la hargne et de la sensualité chez
Luxembourg, voilà qui laisse décidément présager
de bien beaux jours à la pop anglaise.
A part réécouter ce disque en boucle, il ne nous reste qu'àespérer
une distribution rapide sur un vrai label et surtout un album qui, s'il est
à la hauteur de ce 4 titres devrait compter dans les albums de l'année...
2004.
Luxembourg serait-il visionnaire quand il annonce au verso de la pochette,
à la fin d'un court texte sur la ville qui devient un alien : "Meanwhile,
noses pressed up against the glass, Luxembourg write and perform apocalytically
good pop (Thank fuck)" ?
Suede is dead, viva Luxembourg !
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