Il faut parfois s’avoir s’armer de patience. Et attendre le mois de novembre pour découvrir un des chefs d’œuvre de cette année 2008. Laquelle aura définitivement été l’année Deerhunter. Tout en sachant que 2009 risque d’être plus incroyable encore pour le groupe d’Atlanta.
De cette année écoulée, on retiendra par ordre chronologique cette sensationnelle tournée printanière européenne. Avec une prestation époustouflante à Primavera fin mai : débridée, aérienne, portée par un Bradford Cox totalement chamanique. Plus perforante encore qu’à la Maroquinerie six mois auparavant. Inutile par contre de s’éterniser sur le set apocalyptique quelques jours plus tard dans le cadre du festival Villette Sonique. Lequel s’est véritablement achevé en jus de boudin pour les organisateurs.
Auparavant, il y avait également eu ce 4-titres insensé ("Fluorescent Grey EP") annonciateur d’un nouvel opus de grande qualité. Mais pas forcément là où l’on attendait. En effet, le très Liars "Wash Off" laissait plutôt augurer une suite en forme de prolongement logique de Cryptograms (2007). Raté ! Depuis des années, on avait décelé chez Deerhunter un potentiel incroyable. On les savait capable de pondre un jour un très grand disque. C’est désormais chose faite avec Microcastle. Lequel constitue, après sept ans d’existence, l’apogée de leur courte discographie. Enregistré en une semaine contre deux jours pour son prédécesseur, il démontre tout d’abord une volonté de soigner l’emballage sans pour autant perdre en spontanéité.
Pourtant, la véritable rupture provient des chansons via un remarquable travail sur l’écriture. En effet, Bradford Cox et ses sbires viennent de signer une galette pop fortement influencé par les années 60 et seulement teinté de ce noise expérimental psyché qui constituait jusqu’alors leur marque de fabrique. Un peu à la manière des premiers Brian Jonestown Massacre. Dès les premières mesures de "Cover Me (Slowly)", l’auditeur comprend que Deerhunter a franchi un cap. En envisageant pour la première fois une œuvre dans sa globalité. Désormais capable de pondre des tubes ahurissants ("Never Stops" ou ce "Nothing Ever Happened" très Modern Lovers), Deerhunter poursuit son exploration de mélodies raffinées ("Little Kids") ou intimistes ("Activa") sans pour autant négliger les orchestrations aussi complexes que stupéfiantes ("Saved By Old Times" notamment et son irrésistible glissando de guitare). Sans compter que la voix et le chant de Bradford Cox sublimerait même la plus faible des compositions.
Les écoutes répétées ne changent rien, Microcastle résiste à tout. Se bonifie même à la longue en exaltant des parfums tout aussi subtils qu’indispensables. Quand bien même son seul défaut demeure sa brièveté – quarante minutes au compteur –, 4AD semble avoir trouvé la parade en y adjoignant actuellement un chouette disque bonus (Weird Era Cont.). Prochaine date à retenir : le 22 février 2009 à la Maroquinerie, premier évènement d’une nouvelle année Deerhunter. |