Snow Patrol est le genre de groupe né pour faire des tubes. Pas un boys band non plus, mais quand même un groupe jeune et sexy, dont on parle plus sur des blogs pour ados que dans les webzines indépendants.
Snow Patrol, c'est le répondant irlando-écossais à Coldplay. Des millions d'exemplaires vendus de leur précédent album, devenant le principal argument de vente pour ce A Hundred Million Suns, juste après le fait qu'il ait été enregistré à Berlin dans des studios où sont passés d'illustres prédécesseurs comme Bowie, Iggy Pop mais aussi certainement une flopée de groupes locaux berlinois pour toujours inconnus dont il n'est curieusement fait aucune mention dans l'élogieuse biographie de nos déneigeurs irlandais.
Ceci étant dit, la qualité d'un disque ne se juge pas sur la qualité des bières servies au restaurant de l'hôtel ni au nombre de fantômes, aussi célèbres soient-ils, qui hantaient leur studio berlinois mais bien au son qui résulte du talent du groupe à composer de belles mélodies éventuellement mêlées dans le cas présent à quelques nécessités mercantiles comme "vendre plus que le disque précédent" ou "faire un son qui plaira à l'auditoire".
Car pour les influences mystiques, soyons francs on aura quand même un peu de mal à trouver l'influence de Bowie ou encore de Depeche Mode qui, eux aussi, ont trainé leurs samplers dans les studios berlinois.
Néanmoins, les Snow Patrol s'en tirent à bon compte. Si leurs mélodies tubesques, pour ne pas dire faciles, toucheront sans peine un coeur de public adolescent, ravi de peindre au typex le nom du chanteur au côté de celui des indémodables AC/DC et du craquant Chris Martin, ce disque pourra aussi plaire à un public pop plus exigeant grâce à son mélange de pop anglaise et de rock US un rien grandiloquent, toujours sur le fil tenue qui le séparent de la variété au kilomètre des "chaînes musicales" américaines comme "Please just take these photos from my hands" entre un rock à la Bob Mould et une soupe pour skater.
Cependant, d'autres titres sont plus agréables, comme "Disaster button"
promis à une belle carrière notamment comme illustration d'inombrables séries américaines ou bien la jolie ballade "The planet bends between us", parfaite pour ramollir un coeur insensible en cette période de fêtes.
Parfaitement dans l'air du temps, cet album de Snow Patrol agace parce qu'il plaît, partageant l'auditeur entre le plaisir immédiat procuré par des mélodies agréables et faciles assorties d'une production techniquement impeccable et une certaine culpabilité de céder aux sirènes de la pop grand public en écoutant le même disque que son voisin, qui le passe entre un Coldplay et un Justin Timberlake.
On écoutera pourtant ce A Hundred Million Suns avec un certain plaisir, comme on mange une friandise entre deux repas, en appréciant la fraîcheur et la spontanéité, relatives, des chansons. Choses qui manquent désormais définitivement à leur voisin de têtes de gondole Coldplay. Et puis ça fera un cadeau de noël qui plaira à tout le monde. |