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Interview  (Par mail)  3 janvier 2009

J’ai adressé mes questions à Françoiz Breut il y a quelques semaines. De retour de concert à Prague puis de vacances en famille, Françoise me renvoie aujourd’hui ses réponses tout en concision, qui me plaisent beaucoup pour leurs silences, pour ce qu’elles laissent deviner.

Pour commencer, un mot d'explication sur cette pochette iconoclaste. En la voyant, je repense à Y'a-t-il un pilote dans l'avion  ? Le héros avoue avoir des "problèmes de boisson" – avant de se jeter un verre de whisky dans l'œil au lieu de la bouche… Aurais-tu des "problèmes de glace" ?

Non non tout va bien, je joue juste à cache cache. C'est Manu, mon compagnon, qui a réalisé cette pochette. J'ai cherché dans ses croquis ce qui pourrait correspondre à ce disque, et j'ai trouvé celui-ci.

À propos de la courte introduction, "La conciergerie", un peu distante, qui donne l'impression d'entrer dans l'album en marchant sur des œufs : ça marchait très bien aussi dans Une saison volée, ça procède de la même intention pour toi ?

OUI c'est ça, c'est pour rentrer le plus doucement possible dans ce disque, ne pas être agressé par les mots au départ, un peu de douceur et d'élan pour se lancer dans un disque.

L'équipe est resserrée, "recentrée", notamment par rapport à Une saison volée. C'était une volonté, ou simplement un état de fait ?

Nous nous connaissons depuis 7 ans avec Boris (le guitariste) et 11 ans avec Luc, et j'avais envie de travailler avec eux. J'étais plus confiante, sachant que nous étions sur la même longueur d'ondes, pour qu'ils me fassent sortir de ma coquille au niveau du chant et aussi des textes.

J'imagine que c'est différent pour toi de chanter tes mots et non ceux que les autres t'ont écrits ?

Oui c'est trés différent car là on part de rien, on se demande si les mots qu'on a écrits vont sortir de la même façon que ceux qu'autres m'ont offert, et si ce qu'on va tenter de faire va fonctionner. C'est vraiment une expérience de création super intéressante.

Ça ne se sent pas : tu as toujours cette manière vraiment singulière de trouver la bonne distance avec le texte. Ce qui doit être plus difficile quand il est de soi ?

Je n'ai pas l'impression d'être distante avec mes chansons, je ne me rends pas compte de ça.

Un joli paradoxe : malgré cette apparence très "centrée", l’album s'ouvre avec la phrase "Je suis à l'autre bout de la terre", et se termine par les mots "Avant de finir complètement fou" – en étant passé en son milieu par "J'ai perdu l'équilibre". J'ai le sentiment que c'est précisément ce paradoxe qui nourrit l'album : le devenir-danger de la stabilité (ou inversement)...

Rien n'est stable, tout est fragile.

Attention, question de 3 kilomètres. Flavien et moi avons une notion pour certaines œuvres qui nous semblent atteindre un point précis, au-delà duquel l'artiste ne pourrait pas aller sans être dans le "trop". On appelle ça les oeuvres-limites. C'est génial d'arriver à trouver ce point, et c'est rare : Bitches Brew de Miles Davis, Angels with Dirty Faces de Tricky...
Pour moi, "Les jeunes pousses" et "L'automne avant l'heure" sont deux chansons-limites : l'utilisation d'expressions comme "les cheveux au vent", "à perdre haleine" (dont on dirait qu'elles n'existent que pour être chantées par toi – avec quelqu'un d'autre ça ne fonctionnerait pas), le côté un peu "héroïque" forcément induit par des balais qui font un rythme de marche sur une caisse claire, etc. Est-ce que tu vois ce que je veux dire ?

J'ai toujours rêvé de faire des chansons "squelettes" (c'était plus minimal sur mon premier disque), juste guitare-voix, mais j'aime ces enrobages, ces arrangements qui font partir le morceau ailleurs, des surprises qui arrivent tout au long de la chanson. C'est difficile de s'arrêter et de savoir ce qu'on garde ou pas dans toutes ces idées qui s'accumulent.

En même temps, la limite n'est jamais dépassée. Ton groupe a la science de la subtilité – tout le talent de Boris, c'est d'arriver à faire sonner cette batterie comme si elle n'était jamais vraiment "lâchée", avec toujours une sorte de retenue, de pudeur. Pareil pour ton interprétation...

On essaie quand même de ne pas trop se laisser aller, sinon il y aurait des solos de guitares, de batterie, une voix qui dégouline !

"Mouchoir de poche" a un côté Barry, ou Morricone : est-ce que tu écoutes toujours beaucoup de B.O. ? Comment tu procèdes pour les arrangements, comment est-ce que tu insuffles tes idées ?

Oui on écoute beaucoup de musiques de films, c'est Luc qui m'a fait découvrir aussi Henri Mancini, François de Roubaix, un autre ami  John Barry, et je suis archi fan de Lalo Shiffrin et Michel Legrand depuis longtemps.

Il y a de très belles fins dans A l'aveuglette. Tous les morceaux se finissent avec beaucoup de brio, parfois en jouant sur la surprise. Le morceau titre, notamment : l'un des plus fascinants de l'album à mon goût, par sa complexité, et à la fin hop, il nous "lâche". On est pantois, mais c'est assez jouissif. Vous étiez attentifs à ça pendant l'enregistrement ? Le travail des fins de morceaux ?

Oui, toujours. Le plus difficile est la chute dans un morceau, autant dans ce qu'on raconte que dans la musique.

Autre bel effet de surprise : l'arrivée de la voix de Julia (de Mansfield.TYA) sur "L'étincelle ou la contrainte du feu". Pourquoi (et comment) as-tu intégré Julia à l'album ?

Je suis fan de Mansfield tya depuis leur dernier disque, nous avons joué ensemble il y a 3 ans à Lorient et dans leur concert elles m'avaient beaucoup impressionnée, c'était trés fragile et tendu, et la voix de Julia m'avait bouleversée. Je voulais qu'elle participe plus vocalement, et finalement c'est Carla qui a joué un peu plus de violon.

"De fil en aiguille" est le deuxième morceau de toi (le premier était "La certitude" sur Une saison volée) qui me fait penser plus ou moins directement à Stereolab. Est-ce que tu connais bien ce groupe, ou bien est-ce que j'y pense au gré des hasards et des influences communes ?

Luc et Boris ont beaucoup écouté Stereolab.

"Portsmouth", "Tarifa", "Dunkerque"... Ton chant se prêterait-il particulièrement aux villes côtières ? Bon, tu parles aussi de Drogenbos, mais pour dire que tu l'as quitté... C'est assez littéraire, le thème de la femme au bord d'une étendue (non pas un précipice, mais un grand tout, l'inconnu). Peut-être que ceux qui ont écrit pour toi ont senti un côté "woolfien" chez toi (tes origines cherbourgeoises ?).

C'est tout simplement ma vie, j'ai quitté et choisi des villes portuaires, je viens de Cherbourg et Tarifa et Portsmouth sont des villes où nous sommes passés avec Dominique à l'époque où nous voyagions ensemble. Drogenbos est beaucoup moins poétique, c'est la banlieue sud de Bruxelles, la zone industrielle.

Merci à David.

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Françoiz Breut
Le Myspace de Françoiz Breut


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# 10 juin 2018 : French but Chic

Beaucoup d'artistes français, francophones ou francophiles au programme de cette semaine dans des registres pourtant très variés. de Manu à Oiseaux Tempêtes, de My Concubine à K! ... de quoi élargir ses horizons ! C'est parti pour le sommaire de la semaine.
N'oubliez pas : On travaille actuellement sur une nouvelle version de Froggy's Delight et vous pouvez nous aider en répondant à ce petit questionnaire

Du côté de la musique :

Entretien avec Manu autour de son nouvel album "Entre deux eaux Vol. 1"
"Tarab" de Oiseaux-Tempête
"Father" de Brisa Roché, nouvel album à découvrir bientôt en session ici même
"Quelqu'un dans mon genre" de My Concubine
"Wild awake" de Parquet Courts
"Le deuxième soir non plus" de La Fille de la Côte
"The future and the past" de Natalie Prass
Rencontre avec Karina Duhamel et son projet K! à retrouver en session pour 3 titres
et toujours :
"Headgearalienpoo" de The Married Monk
"Yru still here ?" de Marc Ribot's Ceramic Dog
"Elisabeth Jacquet de la Guerre : L'insconstante" de Marie Van Rhijn
Interview du jeune groupe Paddle Paddle
"Nos idéaux" de Dumas
"Shifters" de Pierre de Bethmann
"Lost in Beaucaire" de Woody Murder Mystery
"Siltane" de Moonlight Benjamin
"Trop bien mais trop court" de Naouack
Alain Gibert et Boule en concert au Flow

Au théâtre :

les nouveautés de la semaine :
"Lettres à Felice" au Théâtre de l'Atelier
"2 Bouffes en 1 acte" au Théâtre des Bouffes du Nord
"Mademoiselle C." au Théâtre Essaion
"Au menu, amours de saison" au Théâtre Aleph à Ivry
"Tout va bien se passer" au Théâtre de la Reine Blanche
"Croustilleux La Fontaine" au Théâtre Les Déchargeurs
"Speakeasy" au Palais des Glaces
"Clodette for ever" au Théâtre Trévise dans le cadre des soirées Musical'in
"Alain Bernard - Piano Paradiso" au Théâtre Les Déchargeurs
"Louise Weber dite La Goulue" au Théâtre Essaion
des reprises:
"Requiem pour les artistes" au ThéâterElizabeth Czerczuk

"Les Faux British" au Théâtre Saint-Georges
"Le Chemin des Dames" au TRhéâtre Essaion
"Kiki de Montparnasse" au Théâtre Le Ranelagh
"Stéphanie Jarroux - Bio et Barge" à la Comédie des 3 Bornes
"Sylvie Malys - Le Génie du vin" au Petit Gymnase
les chroniques des spectacles de mai
et les chroniques des autres spectacles de juin

Cinéma avec :

les films de la semaine :
"Le Cercle littéraire de Guernesey" de Mike Newell
"Sicilian Ghot Story" de Fabio Grassadoni et Antonio Piazza
"Le Voyage de Lila" de Marcela Rincon Gonzalez
les chroniques des autres sorties de mai
et les chroniques des autres sorties de juin

Lecture avec :

"Ayacucho" de Alfredo Pita
"Ceinture, rétro, clignotant" de Dorthe Nors
"La nuit de l'usine" de Eduardo Sacheri
et toujours :
"L'uruguayenne" de Pedro Mairal
"La fille du ciel" de Karen Hamilton
"Les fantômes de Manhattan" de R.J. Ellory
"Sauvez-moi" de Jacques Expert
"Sept ans de silence" Joann Chaney
"Vie posthume d'Edward Markham" de Pierre Cendors

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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