Monologue écrit et interprété par Laure Salama.
Une fumée dense inonde la scène. Soudain une
pyramide opaque se dessine dans l’obscurité et
elle avance lentement du fond, mi-mutante, mi-mante religieuse,
portant un costume qui lui donne l’air d’un personnage
de science-fiction, griffes noires à la place des doigts.
Elle, c’est Laure Salama. Comédienne et auteur
de ce monologue si particulier. Elle dessine un personnage caméléon,
délicieusement imprévisible. Sans grands effets
ni dans l’action, ni dans la mise en scène, elle
nous envoûte mystérieusement grâce à
un texte fort, qui parle avec des mots de femme des maux de
cette femme à travers un humour ravageur (mais jamais
racoleur) qui se contente de transmettre par petites touche
le mal-être de cette épouse-mère que chaque
jour enfonce un peu plus vers la solitude et vers l’obscurité
jusqu’au dénouement.
A l’aide d’un costume absolument génial
(de Delphine Ciavaldini), utilisé au mieux et dont chaque
pan de tissu sert à sa lente métamorphose (sans
parler du costume final, tout aussi délirant), elle nous
captive dans ce déconcertant jeu de massacre où
maîtrisant son corps à la perfection, elle avance
et de sa voix lente, vide peu à peu son sac des concessions
qu’elle a faites durant tant d’années et
se révolte enfin. De son air désinvolte et charmant,
rythmant son texte de chansons décalées et décapantes,
elle étouffe à petit feu l’image de l’épouse
et de la mère parfaite, s’enfonçant dans
une folie rédemptrice.
La découverte d’une artiste à l’univers
incontestablement singulier dont on en devrait pas tarder à
entendre parler. |