Les trois Français sortent enfin leur second album de rock garage péchu. Plutôt sombre, souvent furieux, parfois même en français, cet opus nous compte l’histoire de Gary Blood, un pauv’gars dont la famille a été assassinée. D’après les paroles, il ne saurait rien faire d’autre que tenir un flingue et cracher sur son père…
Dès les premières notes, je suis plongé au cœur d’un road movie tarantinesque mâtiné de touches western. Et encore davantage après l’écoute du deuxième titre "Desert land" aux accents spaghetti, usant d’une boucle de banjo fantasque et d’une batterie à la caisse claire typée cavalerie. Quant à la guitare (style ES335), elle est assez claire au début de l’album puis deviendra plus fuzzy. Thirty Six Minutes est ainsi parsemé de morceaux rock’n roll jouissifs comme "I can’t get around" , "Sexodrome" ou mon préféré "When I try" (déjà présent sur le premier album avec un son plus criard), parfaits pour s’exercer avant un championnat de air guitar. Mais quelques titres savent être plus doux, comme le morceau instrumental de clôture : "Death song". Ennio Morriconesque, il semble évoquer une tragique scène finale dans un standard de Sergio Leone.
Mais en règle générale, la voix est gueularde, les guitares sont saillantes, overdrivées, avec fuzz nasillarde, parfois jouées en slide ou avec du tremolo ; le banjo revient régulièrement. Certains titres sont clôturés par un accord final en vibrato-reverb ; tellement surf. Tout cela, dans un boogie énervé façon Ten Years After, ou un garage-punk style Buzzcocks ou Ramones. Question efficacité des riffs, Jet ou The Hives ne sont pas très loin non plus.
Autant dire que ce deuxième opus est réussi ; il donne même envie de crier "Wouh !" le long des trois-quarts des morceaux.
Mais c’est peut-être en live que les Craftmen abattent leurs meilleures cartes, tant Steeve, le chanteur-guitariste, est charismatique et omniprésent. A ne pas louper s’ils passent près de chez vous, donc.
Ah, au fait, The Craftmen Club est un groupe originaire de Guingamp. A priori, il ne doit pas s’agir de la sous-préfecture des Côtes d’Armor abritant ce fier stade du Roudourou ; ça doit sûrement être un village perdu au fin fond de l’Arizona. |