"If I could find Words ...."
Formé au milieu des années 80 autour des trois frères Christian et de Henry Priestman, The Christians ont fait le temps de trois albums une pop teintée de soul. Conquérant le monde à la fin de cette formidable période avec quelques titres bien sentis (pour l’époque), ils ont vendu passage des millions de disques et classé dans les charts de nombreux hits. D’ailleurs aujourd’hui, qui oserait prétendre ne pas connaître la mélodie de "Words" et que celui qui ne l’a pas négligemment sifflée au détour d’une journée ensoleillée arrête immédiatement de lire cette chronique. Mais bien sûr, le répertoire du groupe de Liverpool ne se résume pas qu’à ce titre.
Néanmoins, malgré l’énorme succès, après un album best of en 1993, la carrière des Christians s’est peu à peu éteinte (le best of signe souvent la fin d’un groupe !). Un dernier album studio Prodigal sons a bien vu le jour en 2003, mais le come back n’a pas été à la hauteur des espérances. Reste Garry Christian, l’unique membre d’origine, fidèle au poste et garant de la mémoire du groupe, qui tourne depuis plusieurs années sous une formation acoustique, maintenant allumée la flamme.
La présence de Soul from Liverpool dans les bacs annonce t’il le retour aux affaires du groupe, 20 ans après ses derniers tubes ? Fort de leur nom qui est resté dans la mémoire des trentenaires et plus, ils livrent ce nouvel album qui regroupe 15 titres live et acoustiques dont cinq inédits.
Côté classiques, on retrouve forcément l’ultra "Words", mais aussi "Born again" ou d’autres singles historiques du groupe. Des reprises sont également présentes avec "Where the Children play" et "Here come the sun". Les inédits sont dans un registre ballade-soul à l’instar du très réussi "Overwehlmed", ce qui permet à Garry d’utliser au mieux la sensibilité de son organe. Et parmi ces derniers titres, on trouve de nouveau une reprise : "I shall be released" de Bob Dylan au tempo ralenti et aux accents soul soulignés.
L’ensemble est très propret, la voix de Garry, chaude et soul. Guitare acoustique, basse, piano, batterie, quelques chœurs et un soupçon d’accordéon au détour d’une chanson, il n’y a rien d’extravagant et honnêtement, rien de renversant non plus.
Le côté live est bien là, pas de surpostproduction, pas de chis-chis inutiles. Mais ce qui peut être une qualité, peut également être un défaut. Et mis à part la voix de Garry Christians, l’album sonne presque quelconque. De plus, j’avoue que je ne peux pas m’empêcher d’avoir une certaine tristesse pour ces groupes qui reviennent en chantant leurs vieilles gloires passées. Ainsi rien d’exubérant, on reste dans l’artisanal. Voulant jouer sans doute sur l’émotion, le ressenti est alors très personnel.
On aurait sans aucun doute préféré un album constitué uniquement d’inédits, un vrai album quoi ! Reste cette voix chaude qui survole l’ensemble et vous plongera dans une certaine nostalgie de l’époque.
Petit aparté sur les unplugged :
Lancé par MTV au siècle dernier, la mode des unplugged ne s’est jamais vraiment démentie. Par contre, succès oblige, on en a eu un peu à toutes les sauces.
Certains groupes, à l’instar de Nirvana ou Clapton, ont passé l’épreuve haut la main et ont transformé l’effort en proposant un disque à part entière.
Par contre, plus récemment les unplugged ont surtout servis à relancer un artiste sans trop de cassage de tête. Ainsi Alanis Morissette avait ressorti son Jagged little pill en acoustique avec un intérêt assez limité.
Bref, on peut trouver un peu de tout dans la grande famille du débranché, de l‘opportunisme, au manque d’inspiration en passant quand même par la volonté réelle de réinventer les titres. Et si on y ajoute la possibilité de faire d’une pierre deux coup en proposant un best of acoustique, n’en jetez plus, la coupe est pleine. |