Il fallait oser l’anachronisme. Il fallait oser l’antagonisme. Toutes bollocks dehors, c’est Crystal Stilts qui s’est lancé dans l’expérimentation, réussissant le mariage impensable du garage-pop et du post-punk. Le résultat – que personne au monde n’attendait – est absolument brillant.
Bien qu’américain, Brad Hargett au chant, a tout du fameux lad de Manchester. Timbre sombre et monocorde, attitude scénique rigide, regard perdu. Froid et distant, son chant tout en reverb se confronte à la rondeur et la douceur des compositions garage-pop-psyché.
Choc inattendu, cocktail étrange, les oreilles en redemandent. Pour la simple et ingénieuse raison qu’avec du vieux et du un peu moins vieux, il était possible de faire du neuf… ou à défaut de neuf, de créer quelque chose de jamais entendu. "Crystal Stilts", "The Sinking", "Graveyard Orbit", "Departure", "Shattered Shine" sont autant d’exemples réussis de cette combinaison gagnante.
La guitare de JB Townsend envoie ses riffs rockabilly, Miss Frankie Rose tape le plus simplement du monde sur une batterie réduite à son minimum, Andy Adler hypnotise avec ses lignes de basses sourdes et Kyle Forester envoûte en ajoutant ses couches d’orgue psychées.
Alors dans la tête les noms se bousculent : The Cramps, The Trashmen, Joy Division, The Velvet Underground, The Jesus and Mary Chain, The Clean et plus récemment Vivian Girls (dont Miss Frankie Rose, la batteuse minimaliste, a fait parti). En substance, seulement du culte. Alors forcément, nourri de l’indispensable, ce premier album de Crystal Stilts ne peut que l’être à son tour, CQFD. |