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Zone Libre Vs Hamé et Casey - Charlie Winston  (La Poudrière, Belfort)  20 février 2009

Les roues libres que nous proposent Zone Libre depuis l’association en 1999 de trois mousquetaires de la scène française n’ont eu de cesse d’évoluer, d’expérimenter, en quête de territoires à défricher, de nouveaux espaces de liberté loin du politiquement correct qu’imposent les normes radiophoniques.

Les guitaristes Serge Teyssot-Gay (Noir Désir) et Marc Sens (Yann Thiersen), le batteur Cyril Bilbeaud (Sloy) s’affranchissent dès le début de leur collaboration des lourdeurs consensuelles pour distiller une alternative incisive, une dissection au scalpel des inepties sonores d’un système formaté. Mais si les guitares sont acérées, c’est pour mieux nous détacher de ce carcan, tendre une corde vers d’autres cieux, poser un trait d’union entre le réel et l’irréel, une manière de prendre du recul en déplaçant son angle de vision.

Restait au projet un champ libre à combler, celui du chant, mais surtout pas n’importe lequel. Pas juste une case à remplir pour dire : "hé les gars, on a un chanteur maintenant, vous signez !" Non, il manquait un vrai projet dans le projet (c’est pourquoi le groupe a sans doute tourné si longtemps dans sa version instrumentale), une participation cohérente et mûrie qui sonne aujourd’hui comme un bras d’honneur à ceux qui les attendaient au tournant.

Ce pied de nez pertinent a pris voix avec les rappeurs Casey et Hamé (La Rumeur), "figures libres et radicales dans l’univers policé du rap français" dont les textes engagés restent boudés par les play-lists des radios bien pensantes. C’est donc dans la contestation sociale et la subversion qu’ont fusionné ces deux mondes du rock et du hip hop, les valeurs des uns rejoignant celles des autres, dans la complémentarité et l’union, dispersant les frontières pour se recentrer sur l’essentiel.

Cet animal hybride a accouché de L’Angle Mort, album sorti à la mi-février et signé sous les propres labels des musiciens (La Rumeur Records et T-rec) et son essence a pris feu avec la tournée qui l’accompagne.

Sur scène, la rage et la puissance des instruments appuient les mots des rappeurs qui balancent sans concession, dénoncent, enfoncent leurs poignards verbaux, s’engouffrent dans les failles, heurtant les politiques, bousculant les conventions, bottant le cul à l’immobilisme ambiant. Et tout est si vrai qu’ils en touchent presque l’intime, au plus profond de chacun.

Ce soir là, La Poudrière de Belfort est pleine à craquer, le public assez jeune et agréablement féminin s’étant déplacé en masse pour le show à suivre de Charlie Winston. Nous sentons la timidité et l’inquiétude au début du concert de Zone Libre mais les riffs guerriers de Serge Teyssot-Gay, félin bondissant à la souplesse élastique, la folie de Marc Sens qui martyrise les micros de sa gratte en y faisant passer le son d’une visseuse, la puissance de frappe de Cyril Bilbeaud et l’efficacité des rappeurs finissent de conquérir la salle qui attendra l’apparition de Charlie Winston pour revenir sur terre.

Enfin, loin du chichi et des manières, nous avons pu apprécier les musiciens déballant et remballant leur matériel eux-mêmes, comme si la simplicité, l’honnêteté et l’humilité convergeaient pour souligner un sentiment en péril : la liberté, d’expression et d’action.

Le buzz du moment aura fait patienter ses fans jusque près d’une heure du matin dans une Poudrière à guichet fermé. Ce gendre idéal propre à réconcilier les jeunes filles et leur maman fait une arrivée triomphale, fendant la foule en compagnie de ses musiciens, guitare acoustique en main et fredonnant le haahahahahahaaa de "Like a hobo", le tubuesque morceau qui l’a propulsé aux sommets à une vitesse supersonique, aussitôt repris par toute l’assemblée. C’est comme un rêve qui commence.

Le temps de se plugger sur le plateau, la fièvre s’empare du public et nous sentons un frémissement, une onde, une vague de bonne humeur sur les visages. Le vagabond au chapeau déchiré déroule son set, embrassant des influences larges entre folk, soul, blues, jazz et aussi un zest de rock dans une ambiance générale relativement groovy. Flirtant avec les instruments, guitare et clavier, Charlie Winston utilise également sa voix comme human beat box tandis qu’un multi instrumentiste navigue entre harmonica et cuivres. Malgré un concert de qualité assez inégale, le charme opère entre balades romantiques et chansons au goût pop légères.

Sa maison de disque française, Atmosphériques, a eu du flair en signant cet enfant de la balle né de parents musiciens. Pourtant lancé par Peter Gabriel en Angleterre sous son propre label Realworld, son album n’a pas connu le succès escompté chez nos voisins d’outre-Manche. La réussite semble donc passer par la France qui succombe littéralement au vu des ventes d’albums et du remplissage des concerts.

Emporté par le capital sympathie qu’il dégage derrière un sourire ravageur, nous comprenons mieux la ferveur du public. Si le french lover ne fait plus recette, la mode est désormais à l’english lover, routard et beau gosse, propre à faire oublier les petits tracas du quotidien.

Le concert se termine comme il a commencé, les musiciens fendent la foule sur un haahahahahahaaa hahahaa collégial et disparaissent en coulisse avant de laisser le boss réapparaître au balcon des loges artistes surplombant la salle, au moment où tout le monde se prépare à rentrer chez soi. Tonnerre d’applaudissements, retraversée du public pour un rappel pendant lequel je m’éclipse, histoire d’éviter les bousculades de la sortie.

Au final c’est une formule efficace qui fait mouche et les programmateurs de Génériq peuvent se féliciter d’avoir misé tôt sur ce poulain prometteur. Quant à nous, passé ce succès grandissant, nous attendrons une confirmation.

Génériq est un vaste évènement aux contours infinis, sa programmation éclectique et ses lieux éclatés ne permettent pas physiquement de participer à chaque rendez-vous. Pourtant, en s’adaptant à tous les publics dans des lieux aussi variés que des appartements, bureaux, théâtres, salles de musiques actuelles, châteaux, usines, ce phénomène venu du froid ouvre à chacun les portes de la découverte.

Parce que cette chronique ne se veut pas exhaustive et que chaque groupe n’a pas été référencé dans nos billets de Dijon à Belfort, je vous invite à visiter le site du festival, d’autres pépites vous y attendent.

Parfois déçu (Birdy Nam Nam), souvent charmé (We Are Enfant Terrible, Yuksek, Elysian Fields, Elliott Brood…), toutes ces musiques offrent de vastes perspectives émotionnelles, de nouveaux territoires à explorer, de nouvelles voies en marge du conformisme sclérosant que d’autres tentent de nous vendre.

Keep on rockin'

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Hamé / La Rumeur - Casey - Zone Libre
Le Myspace de Zone Libre
Le Myspace de Casey
Le site officiel de La Rumeur
Le site officiel de Charlie Winston
Le Myspace de Charlie Winston
Le site officiel du Festival GéNéRiQ 2009
Le Myspace de Festival GéNéRiQ 2009

Crédits photos : Vincent Courtois (Toute les séries sur Taste of Indie)


Vincent Courtois         
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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

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"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
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"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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