Isabeau de R fait son
one "Tenue correcte exigée" au Café théatre
les Blancs Manteaux. Nous avions un peu bavardée avec elle
après une de ses prestations et elle s'est montrée
enthousiaste pour une interview.
Nous l'avons donc retrouvée quelques heures avant son spectacle
pour en savoir plus sur cette "bourge" qui a eu envie
de faire du théatre et qui le fait bien.
Qui êtes-vous, d’où venez-vous et où
allez-vous ?
Qui suis-je ? Je suis une femme comme plein d’autres.
Plutôt genre parisienne, entre 30 et 45 ans, qui a passé
sa vie à bosser et qui a des réflexes de femme active
et des références citadines. D’où je
viens ? D’une bonne vieille famille bien française,
aristo, bien stricte, famille nombreuse, ambiance militaire…tout
ce qui vous forge une éducation bien comme il faut. Où
je vais, je n’en sais rien mais j’y vais. Tant que ça
m’amuse, j’y vais.
Sans indiscrétion, votre prénom c’est
Isabeau ou Isabelle car nous avons trouvé une Isabelle de
Richoufftz?
Mais ça faut pas le dire. Ça je
ne veux pas qu’on le dise. D’autant que les gens quand
ils voient Isabeau de R, ils cherchent absolument à savoir
ce que veut dire ce R. Or, dans toute ma vie professionnelle, et
c’est de là qu’est venu le sketch de la standardiste,
de Rouchpitz, de Michoufoutz, de Machin, c’est un nom imprononçable,
que l’on ne peut pas écrire, et j’ai eu tous les
déboires depuis ma plus tendre enfance, de l’école
jusqu’au standard des multinationales, ce nom est impossible,
un nom plein de consonnes, un nom à coucher dehors avec un
billet de logement, alors je simplifie et je ne garde que le R.
Isabeau ce n’est pas mon vrai prénom puisque à
l’époque où je suis née (NDLR
: grand moulinet dans l’air mimant un temps immémorable)
à la mairie ils avaient pas aimés donc sur ma carte
d’identité c’est Isabelle mais personne ne m’appelle
Isabelle.
Que s’est-il passé en 1997 qui vous
a amené à suivre des formations au café théatre
et à l’improvisation ?
En 1997, j’ai pris une année sabbatique.
J’avais travaillé cinq dans une société
de gestion, j’avais fait un bon boulot et j’en avais
marre. Un jour je suis rentrée chez moi et je me suis dit
:" Il y a le feu, j’ai droit à une chose, avec
quoi je pars ?" J’ai choisi mes photos. Mes photos de
voyage. Donc tout le reste, tout ce que je suis en train de me composer
autour de moi, ça ne m’amuse pas, je suis en train
de devenir bourge, au secours ! Donc, hop, j’ai tout largué
et je suis partie en Amérique du Sud, en Inde…et puis
l’été à mon retour, je m’embêtais
un peu, je faisais tout ce que je n’avais pas le temps de
faire quand je travaillais quinze heures par jour…Je me suis
dit : "Tiens, il y encore une chose que je n’ai pas encore
faite et pourtant j’en ai envie depuis très très
longtemps, c’est du théatre. Il faut absolument que
je fasse du théatre maintenant." C’était
une année off, c’était une année pour
moi. C’était ma première année pour moi
d’ailleurs.
Et donc, j’ai ouvert Libé et j’ai vu stage de
formation café théatre une semaine et qui commençait
le lendemain. Je me suis dit qu’il ne devait plus y avoir
de places, j’ai appelé quand même. En fait, il
restait une place et dans cette école, ils se marrent encore
parce que quand j’ai appelé avec mon ton hyper bourge
ils ont cru que c’était Valérie Lemercier qui
faisait une plaisanterie. Ils l’on ensuite appelé en
disant Très drôle ton truc de spoutchemoutz. Ils m’attendaient
le lendemain en se demandant ce que c’était cette bourge
qui va arriver. Je suis arrivée en SDF, comme d’hab
et ils étaient très surpris. J’ai donc fait
ce stage où je me suis éclatée et c’était
la découverte, ou la confirmation, de ce que j’avais
toujours pressenti. Et je me suis dit C’est ça que
je voulais faire.
Et sans avoir eu de contact de près ni de
loin avec le monde du spectacle ?
Non jamais.
Ensuite, on vous retrouve avec les Improslash, spectacles
d’improvisation.
Après une semaine de stage, j’étais
contaminée et il fallait que je fasse cela. Mais je me suis
remise à bosser. Et moi quand je bosse c’est pas sept
heures par jour, c’est quinze ou rien. Je suis partie en Autriche.
Quand je suis revenue en France en 1999, j’ai appelé
cette école pour prendre des cours. Ils m’ont dit "T’es
bien gentille mais c’est plein. En revanche, il reste des
places en technique d’impro. Va donc faire de l’impro
avec Frédérique Lelaure." J’ai passé
les auditions parce qu’ils voulaient monter une troupe d’impro
et j’ai eu la chance d’être sélectionnée.
On a joué pendant un an, à raison d’une fois
par mois.
Il s’agissait d’improvisations dans
le créneau humoristique ?
Absolument.
Pourquoi le rire ?
C’est ça qui m’amusait. J’étais
assez portée sur l’humour qui était un mode
de communication chez moi qui était assez évident,
peut être le plus évident et de toute façon
j’avais en tête plein de sketchs, jamais couchés
sur le papier, crées à partir de situations que j’avais
vécues ou rencontrées n’importe où. Je
faisais le pitre depuis que j’étais petite et cela
a continué dans la finance d’ailleurs. Et donc j’avais
cette idée là de par ma tendance a toujours voir le
défaut qui fait rire, enfin qui me fait rire, peut être
que ça ne fait rire personne… L’impro j’adore,
c’est un exercice formidable et très intéressant
et très fort sur scène. Ma tendance est quand même
d’aller faire rire.
A quel genre d’humour êtes-vous particulièrement
sensible ?
L’humour anglais. Le pince sans rire, absurde,
j’aime aussi le très joli délicieux flegme britannique
que l’on rencontre chez les chauffeurs de taxi londoniens,
dans les films anglais comme Chambre avec vue ou Quatre mariages
et un enterrement qui sont très soft, très corrects,
très bien élevés mais avec une deuxième
couche très ironique et pince sans rire qui me plait beaucoup.
Y a-t-il des choses complètement stupides
qui vous font rire ?
Oh la la oui. Hier, j’ai coincé mon manteau
dans la porte du métro. Le métro avançait et
j’avais un bout du manteau, alors ça j’adore.
Ça me fait pisser de rire. La bonne femme qui se remet du
rouge à lèvres dans le métro et hop ça
part et elle en a plein la figure je pisse de rire.
Même réitéré 50 fois
?
Oui, c’est pas grave. La peau de banane, le
type qui tombe, c’est formidable. Je ricane bêtement.
C’est très très drôle.
Comment s’est fait le passage entre
les spectacles d’impro à plusieurs sans texte et l’écriture
de sketches pour faire un one woman show ?
En fait, nous étions plusieurs dans ces spectacles
d’impro et ils avaient tous leur one et j’étais
la seule qui arrivait telle une brebis bizarre, qui arrivait le
soir du boulot avec mon costard et mon ordinateur.
Mais j’ai toujours eu des sketches en tête. J’ai
été aidée parce que cette troupe s’est
disloquée à la suite du départ de Frédérque
Lelaure , Sept personnes sans coach, surtout des
artistes, toujours en retard, jamais à l’heure, on
répète, on répète pas, j’ai autre
chose à faire, enfin bref, le truc est partie en quenouille
comme on dit en français au bout d’un an. Alors là
je me suis dit…qu’est-ce que je me suis dit ? Non là
rien car je bossais comme une mule. Donc j’ai remis ça
de côté pour quelque temps et j’ai attendu d’arriver
à saturation de mon job, de mon vrai job comme disaient les
gens qui me connaissaient avant, pour laisser tomber et me consacrer
au théatre.
Est donc venu le temps de l’écriture des sketches…
J’ai commencé par les sketches que j’avais
en tête depuis très longtemps. Les trucs qui me sont
arrivés. Le plus ancien étant Marraine. Parce que
j’ai fait des études en Extrême Orient et quand
je suis revenue j’ai retrouvé mes amies qui s’étaient
mariées et qui me disent : "Alors Isabeau, la Chine,
c’était bien la Chine Tu dis bonjour à marraine"…Elles
écoutaient rien du tout. Les gens s’en foutent, ils
sont dans leur truc c’est normal. Beaucoup de mes copines
avaient crée leur petit monde avec leur famille, leur maison
au Vésinet, leur petit lardon de deux ans et demi et qui
est quand même la merveille du monde "Je dis pas ça
parce que c’est le mien mais regarde comme il est beau".
Vous, vous êtes baladée en Birmanie, en Chine, au Tibet
dans tous les sens, toute seule, vous avez 23 ans, ce qui me paraît
aujourd’hui assez quenouillu alors qu’à l’époque
je ne m’en rendais pas compte. Vous rentrez et vous avez envie
de raconter à vos copains et copines et qui étaient
à l’école avec vous chez les sœurs…et
non ça n’intéresse personne.
Ces réactions me surprenaient beaucoup. Elles se foutaient
du tiers comme du quart de mes expériences en Chine et moi
je me foutais du tiers comme du quart de leur enfant. Quand on n’a
pas d’enfant et que l’on vous arrose de descriptions
généralement et vouili ouili débiles sur une
progéniture qui ne vous passionne pas, puisque c’est
pas la vôtre, et cela tout le temps, ça devient drôle,
super drôle, parce qu’elles ne se rendent pas compte du cucu
de la chose. C’était le plus ancien des sketches que
j’avais en tête. Et ce sketch parle à beaucoup
de gens.
Le deuxième c’était la secrétaire
Suzanne. Dans mes différents jobs j’étais souvent
aux prises avec des assistantes ou d’autres d’ailleurs
qui ne comprennent pas grand chose et moi qui suis très speed,
j’ai voulu dans ce sketch me moquer de moi et de mes réactions.
Au bureau, on peut pas dire à son chef qu’il est nul
parce qu’on est viré, pas dire à son assistante
qu’elle est nulle parce que cela ne se fait pas et qu’on
risque d’être trainée aux prud’hommes en
étant accusée de tous les maux possibles alors que
c’est simplement t’as rien compris ça fait dix
fois que je te le dis alors c’est pas grave on recommence
mais au bout de la quinzième fois on n’a pas le temps
car on est dans une spirale du vite vite vite. Et comme j’étais
dans cette spirale qui a tendance à devenir désagréable,
pour ne pas être désagréable, la seule échappatoire
que j’avais c’était de détourner tout.
Quand pendant trois ans, et le personnage de Suzanne est un pot
pourri des meilleures, quand vous demandez les journaux, et Dieu
sait qu’ils nous sont indispensables dans la finance, et que
tous les matins "Quels journaux ?" Bon, là vous
avez des envies de meurtres. Mais comme vous ne pouvez pas tuer
parce que cela ne se fait pas et que vous ne pouvez même pas
vous énerver parce que ce n’est pas convenable Bah,
je sais pas…"ce que tu veux Modes et Travaux, Gala"…
C’était ma soupape de sécurité. Parce
que je suis insupportable. Mais c’est de moi dont je me moque.
Ce portrait de Suzanne est à la fois objectif
et assassin.
Des comme ça c’est quand même rare.
J’ai un peu forcé le trait. C’est un best of.
Mais l’idée initiale, idée qui domine pour tout
le one, c’est qu’on ne peut pas tout dire quand on est
correct. Il faut alors trouver d’autres manières de
le faire.
Après la phase d’écriture, avez-vous
facilement trouvé une salle ?
J’ai eu beaucoup de chance car tout s’est
passé très vite. J’ai commencé à
écrire en février-mars 2002. J’ai passé
le sketch Henri en audition. C’était le plus beau jour
de ma vie. J’ai été sélectionnée
et je l’ai passé en scène ouverte, c’était
le plus beau jour de ma vie. Après j’en ai écrit
un autre un mois après et rebelote. Tout cela se passait
au Bout, le théatre que je connaissais depuis le spectacle
d’impro. L’été, il organise un festival
qui était l’année dernière Fais moi l’humour.
Mes sketches leur plaisait et ils m’ont proposé de
faire une heure en juillet. Nous étions en avril, j’avais
trois sketches et j’ai dit "Chiche". Et oh la la
j’ai écrit. L’heure de juillet s’est bien
passé et donc ils m’en ont donné 5-6 jours au
troisième trimestre. Le spectacle plaisait notamment au public
qui était composé, comme toujours aux débuts
d’un comédien, de copains et de copains de copains.
Le Bout m’a programmé pendant six mois à raison
d’un spectacle par semaine. J’étais ravie. Et
puis les Blancs Manteaux, où j’avais fait un ou deux
plateaux, sont venus me voir et hop j’ai embrayé sur
les Blancs Manteaux. J’ai arrêté de bosser définitivement
en mars 2003.
Avez-vous du stock ?
J’en ai 4-5 en écriture et en répétition,
donc la troisième des 504 phases par lesquelles on passe
avant de les présenter ou avant de les avoir apprivoiser.
C’est-à-dire la Xième réécriture.
Je vais les sortir progressivement au mois de mars après
avoir pris un peu de vacances. Après, pleine d’énergie,
je vais les tester.
Et où ?
Aux Blancs Manteaux. Je retravaille constamment les
sketches du one actuel et puis je vais en intégrer d’autres
dans le même one. Mais il y a du boulot pour que le one reste
harmonieux.
Cela veut dire que vous resterez dans le même
créneau ?
Oui, absolument.
Les personnages que vous interprêtez actuellement
sont-ils éphémères ou peuvent-ils devenir récurrents
?
Je ne sais pas encore. Il y a certains personnages
qui pour ce one là ça suffit . De toute façon
pour un one d’une heure à Paris, une heure et quart
pour la province, il ne faut pas trop de personnages et notamment
deux fois les mêmes. Le personnage du sketch de la standardiste
est unique. Elle pourra réapparaître dans un autre
one dans d’autres situations. En revanche, il y a d’autres
personnages qui m’interèssent, par exemple un personnage
de journaliste un peu éthérée hyper avantgardiste,
pour compléter un peu le panel tout en restant dans le milieu
professionnel ou bourgeois bobo ou…hari.o.
Le genre de personnages, le milieu socio-professionnel
et surtout le trait très acéré me font penser
aux bandes dessinées de Martin Veyron. Est-ce une simple
coïncidence ?
Certainement car je connais son nom mais pas du tout
son travail. Je ne suis pas du tout BD. Je suis incapable de lire
une B.D. A part Tintin et Lucky Lucke que j’ai lu il y a un
certain temps…
Est-ce envisageable et envisagé de réunir
tous ces personnages dans une pièce ?
Pourquoi pas ? J’ai des tas d’idées
notamment pour travailler avec d’autres personnes. Il est
vrai qu’il y a certains personnages que je vois mal être
interprété par quelqu’un d’autre. Par
exemple, Victoire, qui est mon sketch préféré,
est tellement proche de ma réalité, c’est tellement
moi qu’il ne pourrait être joué que par moi ou
une copine. Mais…pourquoi pas, il y a d’excellents comédiens
qui pourraient la jouer. En revanche, la standardiste, ce n’est
pas moi. Par exemple, Joséphine pourrait être le personnage
unique d’un one ou le personnage principal avec d’autres
comédiens parce qu’il s’agit d’un personnage
un peu space. Ce sont sans doute les trois personnages marquants.
Les autres sont relativement normaux. Le discours c’est moi
si ça m’arrivait je le ferais comme ça. Je suis
bourge, je suis bourge, c’est comme ça…
Avez-vous d’autres projets qui se profilent
à l’horizon ou qui sont sur la voie de la concrétisation
sur d’autres médias ?
Oui, il y a des projets pour des programmes courts
à la télé : Ophélie la standardiste
et Victoire dont la vie privée est une cata et qui va chez
son psy et qui étant un peu caméléon adopte
le vocabulaire de son boy friend du moment ; si c’est un poête,
elle parle en vers, si c’est un informaticien, elle utilise
des termes d’informatique, ce qui est déclinable à
volonté et ça m’amuse beaucoup. Mais pour le
moment je continue le one à Paris et en province. Car faut
y aller, il faut jouer, beaucoup jouer.
Le rythme de 3 spectacles par semaine aux Blancs
Manteaux, vous convient ?
Oui, ça permet de faire d’autres choses
d’autant que j’habite à Marseille. J’apprécie
beaucoup le TGV. Je courre tout le temps mais il faut que je dégage
du temps pour répéter et écrire.
Quel est votre public aux Blancs Manteaux ?
Il est très varié. Je les repère
plutôt d’après les rires. Tiens là c’est
plutôt Versailles ou le Vésinet, là c’est
9-3, là c’est 18 ans , là 55…
La pratique de l’improvisation peut-elle apporter
une aide quand vous sentez que la salle est moins réceptive
?
Ça pourrait effectivement, ça arrive
mais pas très souvent car mes sketches sont des sketches
très fermés. Si je sors d’un sketch et je parle
au public, ça peut faire rire mais ça déconcentre
tout le monde et ensuite, il faut que je ramène le public
au propos du sketch. Parfois, j’en ai envie mais je ne le
fais pas pour ne pas rompre le fil.
Et y a-t-il eu parfois des sketches qui tombent
un peu à plat et que vous avez raccourci ?
Il y a des phases. C’est très amusant.
Il y a des sketches qui marchent bien pendant une période
et puis tout à coup, flop. Je pense que c’est dû
au comédien. De toute façon, le public a raison. Il
apprécie, il apprécie pas, c’est parce que je
suis plus ou moins en forme. Après, il y a des sketches que
je préfère et cela tourne également. Etre tentée
de changer des trucs, c’est en permanence parce que la quête
de l’amélioration est viscérale chez moi. Donc
oui, il faut resserrer, recouper. Si un soir si quelque chose qui
est sorti en impro fait hurler de rire, je le garde. Et ce que j’ai
fais 50 fois et qui pendant 50 fois ne fait pas rire je supprime
même si moi je trouve cela drôle.
Il y a quelques petits trucs qui font rarement rire parce que c’est
la petite cerise sur le gâteau limite private joke qui moi
me fait super rire mais je sais que c’est un truc tellement
petit que peu de gens vont reconnaître, en fait reconnaissable
par les gens qui sont de la même caisse que moi, et que je
le garde néanmoins parce que c’est ma petite cerise
à moi. Si un soir, cela fait rire une personne, je suis contente,
c’est du bonheur. Mais sinon, on est en permanence tenté
de couper, d’abandonner, d’aller se suicider. C’est
horrible, c’est affreux ce métier. On doute terriblement,
tous les soirs, dès que l’on monte sur scène,
le trac, tous les soirs tout est remis en cause.
Dans des salles comme les Blancs Manteaux, la proximité
avec le public est très grande. Cela est-il paniquant ou
au contraire porteur ? Voyez-vous les spectateurs ?
Je ne vois pas les spectateurs mais je les devine.
Je devine le premier rang et un peu le deuxième comme une
très vague silhouette. En revanche, parano comme je suis
sur scène, je vois tout ce qui ne fait pas plaisir. Le type
du premier rang qui regarde sa montre, on le voit. Le type du deuxième
rang qui dit à sa femme Il y en a encore pour combien de
temps ?, on l’entend. Mais les gens qui sourient on ne les
entend pas et on pense avoir fait un bide alors qu’en sortant
ils ont un sourire grand comme ça.
Le rythme du spectacle est très soutenu
C’est volontaire pour ne pas laisser au spectateur
le temps de s’ennuyer. Et pour moi aussi. Il est préférable
à la sortie d’entendre : "C’était
trop court" que "J’ai passé une bonne soirée,
c’était super" (en baillant). Cela étant
il y a des spectacles avec un rythme bien plus speed.
Si vous ne disposiez que de 3 mots pour qualifier
votre spectacle, pour faire une promo d’enfer pour votre one,
quels seraient-ils ?
Votre question est très difficile car à
part employer des mots dithyrambiques sur venez me voir etc…ça
me gêne puisque j’en suis l’auteur…mais
bon, je dirais que l’on ne s’ennuie pas du tout, c’est
la première chose mais ce n’est pas très positif,
que c’est très drôle, fin…mais ça
donne l’impression que je me la pête… c’est
assez féminin, moderne, c’est une photo de femmes modernes….
Y a-t-il une question que vous auriez aimé
que l’on vous pose, et que l’on ne vous a pas posée,
et quelle serait la réponse ?
Non. En revanche, il y a des questions que l’on
m’a posé et que j’aurais préféré
que l’on ne me pose pas.
Laquelle ?
Tu crois que ça peut faire rire ?
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