Rodolphe Burger donne ce soir un concert au Bataclan. Autant vous dire que l'on s'attend à un concert de qualité et des invités intéressants. Il est d'ailleurs annoncé à l'entrée, en première partie, David Thomas et Keith Moliné. Mais pourquoi ces noms me disent quelque chose ? Impossible de faire le lien tout de suite, dans la précipitation des derniers jours, je n'ai pas pris le temps de regarder ce qui était annoncé pour cette soirée.
Cela viendra plus tard, à la vue de David Thomas, l'un des membres fondateurs de Pere Ubu et son guitariste, excusez du peu ! En tout cas, les duettistes nous jouerons un show étonnant. David Thomas, engoncé dans un pardessus noir, affublé d'un chapeau et portant un accordéon, hantera littéralement sa partie de la scène, en jetant des regards fantomatiques à l'assistance. Un mélange de Bela Lugosi et d'Orson Welles.
Leur set sera à l'image de ces deux personnages, terrifiant et grandiloquent. Les yeux de David Thomas, son exubérance, ses cris quasiment silencieux, car hurlés volontairement loin du micro, sont l'exact opposé de Keith Moliné, peu mobile, le regard perdu dans le vague.
Les morceaux joués sont surprenants, la guitare est un instrument libre, qui joue de manière très recherchée, peu de notes. Un numéro époustouflant, curieux, mais pas dénué d'intérêt.
Il semblait évident que Rodolphe Burger déplacerait du monde et cela se vérifie encore ce soir, la salle est comble. Le concert débute Rodolphe assis, le son est parfait, la voix envoutante, comme d'habitude. Il y a ce soir encore, une impression palpable de proximité, de douceur.
Encadré d'un formidable batteur et clavier/bassiste, Rodolphe Burger égrène son chapelet de chansons, toutes jouées avec ce regard intense et parfois perdu. Il semble qu'il s'oublie parfois dans ses notes et parait d'autres fois comme habité par son instrument.
Une magnifique version de "Vicky", une autre, toute aussi bien exécutée, de "Elle est pas Belle ma Chérie", un des morceaux qui avait attiré l’attention sur No Sport. Les notes tourbillonnent, les guitares changent au fur et à mesure de l'avancée du concert. Rodolphe, tour à tour assis ou debout, semble se perdre de plus en plus dans le vortex de la soirée.
Viendra une version de "Cheval Mouvement" tout en crescendo, un brin déshabillé en regard de la version de l'Alhambra, en juin dernier. Rachid Taha n'est pas présent pour "Arabécédaire" mais il a été "mis en boite" et sera samplé lors du morceau. Viendra une reprise de Joy Division, "Love Will Tear us Apart" étonnante reprise.
Puis la reprise de The Passenger, qui marquera le retour de David Thomas, pour une interprétation pour le moins débridée, en tout cas pour ce dernier. L'ancien chanteur de Kat Onoma sait décidemment recevoir, encore une belle soirée, lisible sur tous les visages.
Il me reste toute de même, une impression de manque, un je ne sais quoi d’inexplicable, peut-être que ce concert était trop attendu, allez savoir. En tout cas, Rachid Taha n'était pas sur scène mais il est dehors, à la sortie de la salle, dommage on aurait préféré le voir à l'intérieur, avec Monsieur Burger.
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