Dans la galaxie des side projects de Wolf Parade (Sunset Rubdown, Frog Eyes…), Handsome Furs occupe plus que jamais une place toute singulière, tant la qualité de leurs productions et le succès rencontré en viennent à vider le terme side de sens.
Composé par Dan Boeckner (guitare-chant) et sa femme Alexei Perry (claviers-boîte à rythmes), le groupe s’était révélé au monde avec un premier méfait baptisé Plauge Park en 2007. A l’inverse de Spencer Krug, l’autre tête de l’hydre Wolf Parade, le songwriting de Dan donne dans le très carré, épuré, moins grandiloquent que son alter ego. Plus rentre dedans aussi. Un équilibre d’ailleurs remarquablement trouvé sur leur dernier – et au final sous-estimé – opus commun At Mount Zoomer l’an passé.
Début 2009, voici venue l’heure de la récidive pour Handsome Furs avec la publication du deuxième tome de leurs aventures : Face Control. Dès l’ouverture sur "Legal Tender", le duo dévoile clairement ses nouvelles intentions. Les ambiances sombres et claustrophobes du premier disque se voient délaissées au profit de paysages froids et dansants hérités des profondeurs des années 80. Moins de guitares et plus de beats. Plus d’électro donc mais en conservant de jolies fulgurances rockab par moment. Une écriture plus acérée, voire éthérée par moment. En un claquement de doigts, Handsome Furs vient de se muer en New Order. En publiant un disque brillant mettant enfin les Kills face à leur désespérante sénilité.
"Evangeline" et "Talking Hotel Arbat Blues" assènent des coups terribles à l’auditeur. Pourtant, rien en comparaison à l’infernal triptyque : la très berlinoise dans l’ambiance Christiane F "All We Want, Baby, Is Everything", le tube certifié "I’m Confused" avant "[White City]", bande-son idéale d’une bunker party appartenant à une époque révolue, où le rideau de fer demeurait fermement baissé. L’intensité s’infléchira légèrement dans la seconde moitié avant un dernier soubresaut sur "Radio Kaliningrad".
En conclusion, Face Control s’avère nettement plus abouti et objectivement meilleur que Plauge Park. Mais on lui préfèrera néanmoins son prédécesseur. A l’instar de leur prestation au Point Ephémère en février dernier : excellente mais en dessous de cette improbable apparition clôture de soirée fin 2007 à la Flèche d’Or. Question de sensibilité. Ou d’éducation. |