Coup de projecteur cette semaine sur une nouveauté de la rentrée littéraire de janvier 2009 : Un Dieu un animal, évocation noire et mélancolique de quelques uns des affres, faux-semblants et illusions d’une civilisation sur le déclin qui, pour ne pas sombrer définitivement, s’accroche à ses mythes – ici, entre autres, la guerre et le monde glorifié de la "grande" entreprise.
Dans ce très beau roman de Jérôme Ferrari, les deux personnages principaux – un jeune homme et une jeune femme – sont deux âmes en peine perdues, paumées, et cherchant tout autant à exister, à se sentir vivants, qu’à se laisser doucement mais sûrement dériver dans le déni et l’oubli de soi, quitte à se laisser définitivement happer par le néant de leur humaine condition. Bref, ils vont mal, et comme vous vous en doutez, ils étaient faits pour se rencontrer (ou plutôt se retrouver, la première rencontre ayant eu lieu quelques années auparavant lors d’une fugace et platonique première amourette adolescente de vacances), et peut-être même davantage, mais peut-être pas, à vous de lire Un Dieu un animal, héhéhé.
Bon, certes, l’histoire et l’intrigue sont assez classiques, mais elles sont superbement servies par une plume élégante, personnelle, littéraire, poétique et habitée, une plume qui délivre au final un roman à la fois dense et percutant sur la condition humaine contemporaine et ses mythes constitutifs ; un texte vivant, puissant et entêtant. |