On met souvent les groupes en "The" dans le même stade. Comme si leur vocation était inévitablement de remplir les plus grandes salles de spectacles du monde de gogos à qui "on" a dit que c'était, encore, le plus beau groupe du monde.
Pourtant, il fût un temps où les groupes en "The" étaient comme les autres, c'est-a-dire bon ou mauvais et pour lesquels le patronyme n'était pas synonyme de plan marketing. Il fût un temps, le même en fait, où être "fils de" ne voulait rien dire car l'histoire du rock était en train d'écrire ses premières pages et on s'en foutait bien de qui était ton père, qu'il fût chaudronnier ou joueur de blues dans un bar de Brooklyn.
Enfin, tout cela est du passé et il faut désormais se justifier d'avoir un groupe dont le nom commence par "The" autant que d'être le fils d'un célèbre musicien ayant joué dans le mythique groupe XTC mais aussi avec des pointures de la musique moderne comme Bowie.
Evacuons donc d'emblée le doute. The Veils n'est pas qu'un groupe en "The" de plus pour donner du plaisir aux jeunes filles et être le fils de Barry Andrews n'est pas une tare.
The Veils sort donc son déjà troisième album et ne remplit toujours pas les stades, pas plus qu'il ne fait de la pop psyché datant des années 80 comme papa et ses claviers magiques. Tout au plus on remarquera dans la voix, s'il faut parler des années 80, tout le charme et la chaleur de celle de Ian McCulloch ("Sun gangs") ou encore plus récemment d'un Richard Ashcroft en Verve ("It hits deep").
Mais avant tout, The Veils fait du The Veils et Andrews possède un vrai talent de songwriter que ce soit sur de sombres ballades ou sur de tubesques chansons pop rock irrésistibles, même s'il use parfois trop de quelques ficelles faciles pour filles au rang duquel on trouvera la voix forcément un peu éraillée et chevrotante, rehaussée par quelques choeurs discrets.
Mais tout cela est vite oublié et le seul "Sit down by the fire" absolument tubesque qui tient autant de Echo and the Bunnymen que de House of Love et James, mérite d'acheter ce disque.
La plupart des titres étant tout aussi remarquables, toujours à cheval entre rock and roll désenchanté et une pop noire dans laquelle on devine parfois le spectre de Nick Cave, venu jouer un boeuf avec Coldplay. Etrange et fascinant.
Sun Gangs est un disque dont on peut se sentir coupable d'écouter mais qui, au final, fait un bien fou à l'image du mielleux "The house she lived in", au refrain pourtant de toute beauté. Un groupe talentueux à qui on aimerait promettre des stades mais que l'on voudrait garder secret tant on sent qu'il ne résisterait peut-être pas longtemps à la tentation. |