Titus Andronicus est un jeune groupe américain, leur nom de scène est celui d'une pièce de théâtre de Shakespeare, ce qui est assez antinomique avec la musique jouée. Je m'explique, Titus Andronicus joue un pub rock qui semble parfois aussi bas du front qu'un buveur de bière ayant réussi à négocier quelques centilitres de plus, alors que le bar est fermé et le taux d'alcoolémie déjà bien haut. Notez que j'ai dit "parfois"...
Le groupe semble se complaire à brouiller les pistes derrière certains beuglements du chanteur. Ce dernier pourrait bien battre Shane MacGowan sur le côté voix éraillée, alcoolisée. A première vue, leur musique peut paraitre aussi profonde qu'un demi de bière ordinaire, mais est en fait un peu plus étoffée. Pour preuve, le titre "Arms Against Atrophy" qui débute de manière très basique, la voix cassée et bourrée d'effets (bière ? Whisky ? les deux ?), le tout au service d'une mélodie très efficace. Le titre évolue à tel point qu’il se transforme pour devenir une chanson qui n'a plus rien à voir avec le début. L'ensemble est cohérent, parfaitement orchestré même si le registre a quasiment entièrement changé. Le titre "Titus Andronicus", quant à lui, est un exemple de la capacité du groupe à écrire de bonnes chansons, aux mélodies accrocheuses, celle-ci rappelle l'énergie de Richard Hell, beaucoup de talent en trois minutes.
Puis, il faut noter dans ce disque, le côté détonnant (étonnant ?) des titres "No Future Part 1" et "No Future Part 2 : The Days After No Future". Le premier débute comme une ballade tout qu'il y a de plus classique, évoluant progressivement en intensité tout au long de presque huit minutes, un très bon morceau en soit. Il gagne en intérêt lorsque l'on sait que le texte est tiré de L'Etranger d'Albert Camus (le nom de l'auteur est aussi le titre de la dernière chanson de l'album). L’énergie qui termine ce titre sera le point de départ de la suivante, continuant l'intensité qui sourdait sur un titre, là aussi long et intense, empruntant à divers styles musicaux. Le groupe est loin d'être ennuyeux sur ces longues plages musicales et sait garder son auditoire en alerte. Pas si bas du front que ça, le Titus !
The Airing of Grievances est une très belle découverte, on souhaite un bel avenir à ce jeune groupe, histoire de découvrir plus avant ce dont ils sont capables. |