Paolo Giordano est un jeune auteur de 27 ans qui impressionne déjà. La Solitude des nombres premiers n’est que son premier roman, et pourtant tous les ingrédients d’une belle réussite littéraire sont déjà présents : émotion, subtilité, juste ce qu’il faut de pathos sans que cela ne vire nécessairement au larmoyant, maîtrise narrative, personnages principaux terriblement attachants, et surtout un ton juste et une écriture précise, simple (sans être pour autant simpliste) et qui semble s’écouler avec le plus grand naturel, touchante et sensible.
L’histoire de ce roman est somme toute assez classique. Mattia et Alicia, deux adolescents solitaires et ultra-sensibles qui au début du récit ne se connaissent pas, sont tous deux marqués physiquement et psychologiquement par des drames survenus dans la vie de chacun quelques années plus tôt. Ils se rencontrent au lycée et vont dès lors s’aimanter, se perdre, se retrouver ; en d’autres termes, on les suit, eux et leur entourage, de la petite enfance à l’âge adulte, essayant, seuls ou à deux, de faire face au quotidien et à leurs vieux démons, bref, de s’accomplir et de vivre.
Parfaitement maîtrisée, la narration est dès les premières pages prenante ; on veut savoir ce qu’il va ensuite se passer, on tourne les pages avec plaisir et envie. Paolo Giordano a un réel talent pour rendre compte des émotions des hommes et des femmes qui composent son récit, saisir les moments de fracture et/ou de grâce de ses personnages qui pour certains sont de véritables anti-héros, créer de l’émotion sans virer au larmoyant ridicule, et surtout faire preuve d’un naturel frais et élégant dans l’écriture, une écriture humaine, subtile, littéraire sans être pédante, et qui semble facile et couler de source tellement l’auteur en maîtrise en amont toutes les composantes.
Au final, La Solitude des nombres premiers est un vrai beau roman et une vraie belle surprise qui, en Italie, a séduit et conquis aussi bien les critiques que le public. Espérons qu’il en sera de même en France. |