Martin est moche, Martin est gros, Martin a quarante ans et vit encore chez sa mère. Il travaille en tant que comptable dans une entreprise dont le produit phare est le papier toilette. Il est aussi la risée de ses collègues, même sa secrétaire l’affuble du sentimental sobriquet de "crétin". Bref, Martin est un looser, un vrai.
C’est aussi un fataliste. Le jour où il retrouve sa voiture avec le pare-choc avant défait, il décide de le réparer avant de partir au travail. C’est là qu’il se blesse la main, une belle coupure qui saigne bien. Une blessure de looser, quoi. De toute façon, il n’arrive pas à réparer le dommage, et se demande qui a bien pu emprunter son véhicule qui arbore sur ses portières un beau "trou du cul" gravé…
C’est en arrivant au bureau qu’il aura en partie la réponse à sa question : la police l’attend, une de ses collègues s’est fait brutalement assassiner la nuit dernière, en se faisant écraser par une voiture. Beaucoup soupçonnent Martin dont tout le monde se moque, et la police a quelques doutes quant à la culpabilité de ce dernier. D’ailleurs, l’analyse du sang sur le pare-choc de la "trouducul" mobile montrera que sont mêlés celui de la victime et celui de notre ami. Seule l’inspectrice Abalda ne sera pas persuadée de la culpabilité de Martin, même lorsque les meurtres de ses collègues vont s’enchaîner…
Karin Slaughter aime ses personnages et comme dit l’adage, qui aime bien châtie bien. On pourrait même dire qu’elle adore Martin, tant elle lui fait souffrir le martyre. Le pauvre homme subit les pires brimades et accusations possibles. On pourrait l’appeler M le maudit tant il joue de malchance. D’ailleurs, son côté candide met le lecteur mal à l’aise : on hésite entre l’empathie et l’envie sadique de lui voir tomber le ciel sur la tête. Heureusement, l’auteure lui fait rencontrer un ange gardien sous la forme peu attendue d’une inspectrice de police. Cette dernière, victime indirecte des jugements des autres sera un peu plus en mesure de comprendre Martin et aura la volonté d’aller plus loin que les apparences qui l’accusent.
Les deux personnages portent les mêmes blessures en eux et se reconnaîtront dans un contexte bien particulier que je vous laisse découvrir en lisant ce petit bouquin truffé d’humour noir. Un ouvrage plein de rebondissements qui se lira avec plaisir et le sourire en coin. |