On vous a souvent parle de Jerri dans ces colonnes, que ce soit par l'intermediaire de sessions acoustiques ou encore avec la publication du journal de l'enregistrement écrit par un des membres du groupe. Aussi cette chronique ne saurait être impartiale mais je l'espère vous donnera envie de découvrir au plus vite cet album.
Jerri fait en réalité parti d'un projet initié par les stéphanois de Angil et de B R OAD WAY et le premier volet fût l'album John Venture qui reunissait ces deux groupes sur album (et sur scène bien entendu).
La deuxième partie de ce tryptique annoncé est donc ce Jerri, fruit cette fois-ci de la collaboration de Angil et de Deschannel. On imagine et on espère déjà le troisième volet avec une collaboration entre Deschannel et les hyper-actifs B R OAD WAY. Mais pour l'heure, il est grand temps de se délecter de ce deuxième tome.
Composé et enregistrer rapidement, comme pour John Venture, Jerri a néanmoins eu droit à une session de rattrapage (voir ici et là les deux journaux des sessions). Enregistré quasiment totalement en live à la désormais fameuse Fabrique, le disque possède une incroyable énergie et une spontanéité sincère. Cependant, il n'en est pas moins bien fini et ne souffre aucunement d'un manque de production. Au contraire. Faire vite n'est pas chez les stéphanois synonyme de faire mal.
Énergique, dense et sombre sont les maîtres mots de ce disque hors catégorie, mêlant indistinctement pop electro, rock, jazz... et surtout offrant beaucoup de portes d'entrées, de Sonic Youth à Why ou Notwist.
"Go fight your war" qui ouvre l'album place d'entrée de jeu la barre haute. Rageur et mélodique autant qu'entêtant, ce titre est la parfaite introduction au monde de Jerri Myiad, "héros" du disque.
Vous croiserez ensuite des batteries enivrantes, qui ne seront pas sans évoquer Swell, des collaborations étonnantes comme celle de Raymonde Howard sur "Sequel" hantée par le spectre vocale de PJ Harvey, magnifique. Sur "I don't need your fucking record to love you" c'est le rappeur Dimitry Mbakop (aka SoulJah'Zz) qui prend la parole, déjà entendu sur John Venture pour une tirade superbe et noire à souhait.
Mickaël Mottet lui est toujours aussi entier et sincère dans son chant, ce qui donne des morceaux très viscéraux, qui vient des tripes et qui va droit aux vôtres, tripes. Impossible de rester indifférent au martellement de "The M.I.A. thing" ou aux murmures inquiétants de "Finland".
Les 4 musiciens toujours impeccables jouent tour à tour batterie, claviers et autres joyeusetés rock avec, certes, chacun leur patte mais aussi une cohésion et une justesse qui servent parfaitement le disque sans jamais trop en faire et en privilégiant le groupe plutôt que les individualités.
Aussi jamais l'ennui ne se fera sentir tout au long du disque et chaque titre apporte son lot de surprise.
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