L’International est un bar dans la rue Moret près de la rue Oberkampf, qui offre une belle scène en sous-sol, petite sans être strictement étouffante.
La soirée commence sagement, le public n’arrive encore qu’au compte-goutte.
Pour écouter Julien Pras, le premier artiste du programme, il n’y a encore que les premiers arrivés. Julien Pras qui s’échappe un instant du groupe Calc pour quelques dates et un album solo dont il essaie les chansons sur scène, directement face au public. Guitare savamment caressée qu’il fait chanter mélodieusement, une belle voix. C’est une bonne surprise. Sans effet de manche, sous tour de passe-passe, il est seul sur scène, statique comme une chaise, inexpressif.
En fait, quelques tremblements prouvent que ce n’est pas naturel de donner ses compositions devant des gens à l’écoute parfois distraite. Des chansons et une voix dans le style Paul Simon, j’imagine.
On retiendra, quoiqu’il en soit, ce nom Julien Pras, qui ne s’encombre pas d’un final à rallonge, mais qui fait retomber la chanson des hauteurs où elle plane, sur un geste-couperet.
Amélie présente un deuxième album qui vient juste de sortir Dina Dinah, après The real nature of the ice cream car. Ce disque laissait présager une ambiance un peu fade à mon goût, un peu dans l’air du temps.
Mais c’était sans compter sur l’inventivité de l’artiste, qui se faisait accompagner de Philippe Eveno à la guitare et d’Eric Pifeteau à la batterie.
Des musiciens qui se posent là, qui peut-être imposent une couleur rock et festive. N’oublions pas qu’ils jouent avec Philipe Katerine (présent ce soir mais dans le public), sous les habits chamarrés de la secte Machine.
Alors Amélie s’en est donnée à cœur joie, heureuse de la tournure énergique que ses chansons ont prise.
Réorchestrées, plus rapides les nouvelles compositions ont une séduction et une originalité cette fois-ci évidentes. Sur le disque elles semblaient trop rentrer dans les sillages de tant d’autres groupes.
Elle prouve également qu’elle est une bonne artiste de scène, dégagée, professionnelle qui se donne de la voix.
La petite robe verte électrique et les grosses lunettes ont fait leur effet, c’était bien elle à la tête du groupe.
Great Lake Swimmers, le groupe de Toronto n’en sont pas eux à leur deuxième album. Le groupe s’est déjà bâti une solide réputation et le public est incontestablement venu pour fêter la sortie du nouvel album Lost Channels avec le groupe de Tony Dekker.
Atmosphère étouffante, le public massé, je ne vois plus que par intermittence le profil émacié de Tony Dekker qui a le visage long comme celui de l’acteur hypnotique Vincent Gallo. L’International est devenu tout d’un coup trop étroit pour le public des canadiens. Ces derniers ont été à la hauteur. Leur musique évoquait à la fois les grands espaces, l’énergie magnétique et la générosité.
Ils ont semblé plutôt à leur aise, ne cachant pas le plaisir qu’ils avaient d’un si bel accueil parisien. Il faudrait dorénavant les programmer dans des salles plus grandes.
Enfin, un grand merci à l’international de proposer une telle qualité : programmation, infrastructure, accueil.
A bientôt, donc. |