Les eurockéennes de Belfort nous voilà, enfin ! On ne peut pas dire que ce fut une mince affaire d'arriver devant la scène du concert ! L'organisation du festival a du être pondue par un homme sombre et torturé. Je lui souhaite de comprendre que le festivalier doit marcher pour aller d'un endroit à l'autre et que cela prend du temps de passer d’un concert à un autre. Cela nous oblige à rater un peu de début ou un peu de fin du spectacle offert par les groupes. Frustrant... Mais passons-là ces invectives douteuses et concentrons nous sur ce qui nous intéresse : les concerts !
Les Yeah Yeah Yeahs, figure emblématique du rock indie new-yorkais viennent nous faire l'honneur de sa présence pour la tournée de son tout nouvel album. Et c'est une bombe qui est lancée sous le feu des projecteurs ! La chanteuse, accoutrée d'une manière toujours aussi délirante, transmet son énergie débordante au public et on ne peut qu’adorer. Karen O dispose d'un canon à confettis qu'elle active au summum de l'intensité des morceaux donnant un joli effet visuel. Le set est composé d'une avalanche de tubes ; les anciens comme les futurs. Alors que le son avait tendance à se calmer sur le dernier album pour introduire des sonorités plus électros, moins post-punk, sur scène c'est un retour aux fondamentaux : beaucoup plus déchaîné et rock'n'roll, on se régale. Le public semble bien du même avis que moi car cela bouge dans tous les sens. Les Yeah Yeah Yeahs se sont montrés fidèles à leur réputation et on s'en souviendra !
Pas le temps de souffler qu'il faut courir pour voir l'introduction des cultissimes Cypress Hill !
Les enfants terribles de L.A. sont la surprise de ce festival suite à la désertion des NTM pour raisons judiciaires. Une foule immense est massée devant la grande scène.
A l'instar du groupe précédent les morceaux cultes s'enchaînent "Insane in the brain", "How I Could Just Kill a Man", mais quelque chose cloche. Le flow des rappeurs est à la hauteur, mais le DJ souffre d'un son mal réglé qui rend sa partie quasiment inaudible durant la premiere partie du set.
Les rappeurs par provoc' allument un spliff sur scène sur le classique "I wanna get high". Les morceaux manquent de l'étincelle qui transforme un bon concert en un objet de culte. La beuh y est peut-être pour quelque chose.
Heureusement, le monstrueux titre "Rock superstar" vient terminer le set de manière épique. Mais on restera sur l'impression générale : un moment juste agréable puisque l’on reste sur sa faim, persuadés qu'ils auraient pu donner beaucoup plus et déçus par les ténors du rapcore.
En parlant de déception, enchaînons avec The Kills. Le duo londonien nous a fourni une prestation de bien piètre qualité. Pourtant, le groupe de garage rock a tout pour plaire : des riffs minimalistes et entêtants, couplés à une voix suave, le duo version studio fait un malheur sur la platine. Mais le groupe souffre sur scène d'un énorme handicap. En effet, le duo est seulement complété par une boite à rythme. Et ce batteur de synthèse joue toujours de la même manière, cruellement trop fort et dans une monotonie désespérante. Cette pollution sonore met à mal tous les hits qui se sont déroulés le long du set. A côté de ça, le show du duo n'apporte pas vraiment d'éléments pour compenser. De fait, le public se refroidit bien vite et paraît même somnoler en dépit du volume sonore qui pourrait réveiller les morts. On me raconta plus tard que ce n'était pas une faute de parcours pour les Kills mais plutôt une très mauvaise habitude. Prions qu'ils changent de façon de faire rapidement.
Heureusement, les concerts qui clôtureront cette soirée de vendredi éclipseront les deux déceptions.
Retour sur la grande scène, la foule est encore plus dense qu'auparavant. On ne s'en étonne pas, car ce sont les Prodigy qu'ils sont venus voir ! Et les furieux du Big Beat sont là pour répondre à nos attentes, ils vont tout mettre à feu et à sang ! Le trio, qui a sorti un nouvel album, est accompagné pour le coup d'un gratteux et d'un batteur (avis aux Kills !). Le son est lourd et puissant, et personne ne peut y échapper. Le public s'embrase et s’agite depuis la fosse jusqu’au fond. Le son est là mais il n'est pas seul. En effet, d'innombrables projecteurs de toutes sortes remplissent l'espace et nous plongent dans une atmosphère de folie. Je n'ai tout simplement jamais vu autant de projecteurs sur une scène ! Avec des rythmes stroboscopiques et des flashs de couleur incessants, ils sont la parfaite illustration de la musique des Prodigy. Dessous, les deux chanteurs sautent et virevoltent dans tous les coins de la scène avec une hargne sans limite. Ils appellent et rappellent les "french warriors" à se défouler, et ceux-ci s'exécutent naturellement sans sommation. Ils réussissent avec difficulté à faire s’assoir tout le monde, pour mieux les faire bondir juste après : effet garanti ! Le groupe embrigade tout le monde dans son univers survolté. Les Surfant sur la vague du revival 90 la bande nous sert un set façon old school : "Firestarter", "Breathe", "Voodoo people", "Poison"... tous les monstrueux singles de l'époque sont là, réarrangés et encore plus énervés pour toujours plus de bonheur ! Les Prodigy nous servent quelques morceaux du dernier album en parfaite adéquation avec les anciens. Le groupe termine le concert sur le "reggaetisant" "Out of space" qui laisse les spectateurs heureux et lessivés !
Retour au chapiteau pour The Ting Tings, dernier groupe à jouer ce soir. Le duo, encore anglais, est composé d'un batteur-sampleur et d'une guitariste-chanteuse.
Les Ting Tings sont en grande forme et nous livrent leurs singles dont leur efficacité en live n'est plus à prouver.
Logiquement, le public déjà chauffé à blanc par les prédécesseurs, ne tarde pas à remuer les fesses. Au bout de quelques morceaux, la chanteuse, très sexy dans son haut à paillettes, nous fait la lecture d'un texte qu'elle a préparé.
Sur un ton argotique inattendu pour son niveau de français, elle nous gratifie des habituels remerciements et de la joie d'être là, mais le ton rend le propos émouvant et drôle.
Katie White enchaîne directement sur un nouveau morceau sous les acclamations du public. Les morceaux se suivent, la machine fonctionne. La fin s'approchant, les Ting Tings quittent la scène pour faire crier un peu le public.
Au retour il n'y a que Jules De Martino armé d'un appareil photo qui filme le public en liesse, pour "ramener des souvenirs aux copains". Toujours seul, il se place derrière un clavier et nous offre un petit set de DJ en nous proposant quelques extraits de standards de la pop. Succès immédiat.
Dans un dernier enchaînement, la chanteuse revient et démarre leur dernier morceau. Le public épanoui applaudira longtemps le duo. Il se fait tard et votre reporter ne restera pas pour les sets de DJ qui permettront de continuer la fête jusqu'à tard dans la nuit. |