Quelques mois seulement après la parution de Microcastle, chef d’œuvre aussi incontestable qu’incontesté, Deerhunter se rappelle déjà à notre bon souvenir via un nouveau maxi intitulé Rainwater Cassette Exchange EP ; à l’instar du Flourescent Gray EP ayant succédé à Cryptograms.
Mais là où celui-ci esquissait de nouvelles orientations, Rainwater Cassette Exchange EP creuse un sillon identique au dernier album en date. Les ressemblances seraient donc logiquement à chercher du côté de "Weird Era Cont", magnifique et maléfique jumeau accompagnant Microcastle à sa sortie. Lequel frappe d’ailleurs toujours autant par sa cohérence et son contenu que par ses enchaînements lumineux. Aisé de comprendre dans ces circonstances comment nombre de titres ont du rester sur le carreau au moment de l’assemblage final.Pas tant pour leur piètre qualité mais plus par soucis de maintenir le parfait équilibre de l’ensemble.
Sur le fond donc, pas de changement notable à mentionner : Deerhunter partage toujours son temps entre punk psychédélique et pop placide. Pourtant, le cheminement de ce Rainwater Cassette Exchange EP s’avère assez inattendu. En effet, les trois premiers titres frappent par leur inhabituelle brièveté, leur concision. Frappant leur cible droit au cœur : l’onctueux titre éponyme en ouverture, le tube imparable – quoi qu’attendu – "Disappearing Ink" avant l’épaisse "Famous Last Words" estampillée Deerhunter pur jus.
La deuxième face donne tout d’abord au groupe l’occasion de s’illustrer dans son exercice favori : la balade mélancolique emprunte de nostalgie. Ainsi, "Game of Diamond", voit Bradford Cox philosopher d’une voix détachée ("now I’ve forgotten how to speak, a problem with my chemistry, now I can’t sleep and I won’t eat") sur fond de guitare slide et de percussions indiennes. Composition époustouflante, complètement dans l’esprit des versions primitives de "Hyacinth House" des Doors.
"Circulation", le dernier titre renoue quant à lui avec l’époque Cryptograms, sorte de longue plage pop psychédélique déviant vers une jam shoegaze. Autant dire que la cote publique du quatuor d’Atlanta risque fort d’enfler encore, renforçant leur place au sein des groupes qui comptent encore en 2009. |