Cette soirée du festival Attitudes Indé ne commençait pas forcément sous les meilleurs hospices puisque quelques jours avant la date, un des trois groupes avait été déprogrammé pour une raison inconnue.
D'autant plus dommage que, sans connaitre le groupe, nous en avions entendu quelques louanges quant à leurs prestations scéniques.
Qu'importe, pour le moment, c'est donc en double plateau que s'est transformée cette soirée dans une salle des Trois Baudets relativement calme et peu pleine... tout du moins au départ puisqu'elle se remplira généreusement pendant la première partie. Toujours cette manie parisienne d'un public qui aime se faire désirer et qui se prend trop souvent pour la vedette de la soirée.
Mais revenons à Austyn, groupe réduit à sa plus simple expression puisque le jeune homme lyonnais depuis quelques années maintenant, sera seul sur scène, accompagné de ses guitares et de son désormais incontournable et tellement hype ukulélé. Et ça tombe bien que l'on parle de ukulélé car Austyn chante avec une voix éraillée qui n'est pas sans rappeler celle d'un autre amateur de cette mini guitare, Thomas Fersen.
En tout cas, il ne s'en sort pas mal Austyn, maniant le chaud et le froid avec ses chansons qui tiennent autant de la chanson française que du blues américain (la voix aidant) en jouant avec le public, trop peu réceptif, pour présenter avec humour, façon pince sans rire, ses chansons souvent sombres ou pour le moins pessimistes. Entre Les pipes de Saint-Claude et un hommage à son père touchant, voire troublant, le répertoire de Austyn oscille entre autobiographie et un certain humour plein de cynisme sur des chansons aussi différentes que "Les speakrines", "Zoé" ou encore "La démission de Cupidon".
On pourra reprocher parfois à Austyn de manquer un peu de cohérence entre le chant et la musique, comme s'il jouait une musique pas tout à fait caler à son chant ou bien qu'il improvisait certains textes, mais on se fait assez vite à cette particularité et on sera bien curieux de suivre la carrière de ce non moins curieux garçon...
Pendant le changement, rapide, de scène, la salle finie de se remplir et Holden ne tardera donc pas à investir à son tour la scène des Trois Baudets.
Ici, le groupe est un peu plus fourni que dans la première partie de plateau puisqu'il y a le double de personnes sur scène. Autrement, Armelle et Mocke sans aucun autre musicien pour les accompagner ce qui, soyons honnête, nous fait légèrement frissonner d'apréhension ... et si c'était chiant ?
Et bien non ! Car si le couple semble armé de leurs seules voix et guitares, c'est sans compter sur quelques pédales leur permettant d'envoyer quelques bandes préenregistrées plongeant le public dans des ambiances finalement très proches des versions albums des chansons, tout en apportant une certaine spontanéité par leur jeu live et leur grande complicité.
Pas de set acoustique donc mais un vrai concert qui, sans faire se lever le public, offrira un beau rythme, entre ballades et titres plus tendus, notamment un "Mia" dans une version joliment nerveuse aux airs de Stereolab. Airs de Stereolab que l'on retrouvera sur la fin de set lorsqu'Armelle s'équipe d'un tambour pour jouer un titre diablement entêtant dont malheureusement le titre m'échappe.
Entre temps, nous aurons droit à une bonne partie de chansons de Fantomatisme, leur nouvel album et quelques autres plus anciens notamment issue de Chevrotine et même un inédit "Never recorded" comme le dira Armelle qui charmera une fois de plus l'auditoire dans une belle robe un peu désuette tandis que Mocke toujours impeccable également restera plus discret bien que très efficace.
Les chansons de Holden, complexes envoûtantes agissent réellement comme un charme et il sera bien difficile de voir les lumières se rallumer après un ultime rappel.
On regrettera déjà "Une fraction de seconde", "Comme une fille", "Dans la glace" et tous les autres titres joués ce soir. Il reste heureusement les albums, précieux, même si le charme opéré sur scène par Armelle et Mocke est inimitable.
Holden, sous-estimé, est sans doute un des meilleurs groupes français du moment. Ne les ratez pas, même si dans l'immédiat il faudra aller les voir au Chili pour les retrouver en live mais ils ne tarderont pas à revenir se produire à Paris.
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