Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Richard Hawley
Truelove’s Gutter  (Mute / EMI)  octobre 2009

"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles." écrivait Oscar Wilde. Richard Hawley est de ceux-là. Son auditeur également. Le caniveau dont il est question ici, celui vers lequel son amour pourrait s’engoncer s’il n’y prenait garde, semble constituer pour Richard Hawley un passage cathartique obligatoire. Truelove’s Gutter s’ouvre sur des nappes ténébreuses entremêlées de larsens de guitare qui plantent le décor sur des terres qu’Angelo Badalamenti avait déjà explorées sur les morceaux les plus noirs de la B.O. de Twin Peaks.

Sur "As the Dawn Breaks", alors qu’une aube tourmentée pointe le bout de son nez, des oiseaux viennent réveiller une guitare acoustique paisible qui s’étire avec quelques arpèges tandis que la voix (pour ne pas écrire La Voix) met déjà la barre très haut : elle sera intense, présente, profonde, belle mais sombre. Pour s’en convaincre, il suffit de constater combien le visuel de la pochette a changé, depuis les colorés Lady’s Bridge et Cole’s Corner. L’heure semble bien grave en ce matin, mais hawley-cœurs, le visage de Richard émergera de la pénombre.

Pour tous ceux qui préfèrent le classicisme grandiloquent et les merveilleuses orchestrations auxquels les albums précédents nous avaient habitués, l’attente n’est pas bien longue. Dès le deuxième morceau, le magnifique "Open Up Your Door", Colin Elliott, le coproducteur habituel des disques de Richard Hawley nous a concocté des sublimes arrangements de cordes, que n’auraient renié ni Frank Sinatra, ni Scott Walker, ni John Barry. Si Richard  se pare d’élégantes cordes et d’une mélodie des plus romantiques, il se met en revanche à nu pour confesser ses fautes, ses doutes et implorer le pardon à sa femme. Pour déclarer sa flamme, tous ses fidèles sont maintenant au rendez-vous : harpe, piano, violons et carillons rejoignent la guitare. Dès lors, la voix, aussi joliment entourée, retrouve ses envolées habituelles de crooner bouleversant, celles dont Morrissey ou Neil Hannon doivent rêver la nuit.

L’auditeur est à nouveau en territoire connu avec la ballade country "Ashes on the Fire" que l’on croirait issue tout droit d’un saloon rempli de cow-boys fatigués, mais qui montre une fois de plus l’étendue des talents de guita(t)riste du crooner. D’ailleurs, Richard Hawley pourrait appartenir à n’importe quelle époque, tant son art n’a que peu faire des avancées technologiques ou du communautarisme mondial que représente internet. Lui, l’orfèvre appliqué, le guitariste talentueux mais sobre, s’acharne à bâtir depuis des années de splendides monuments de pop où l’histoire est toujours la même : un homme, une femme, l’amour, les doutes, les errances, les émotions.

Pour Truelove’s Gutter, Richard l’artisan est un peu plus désemparé. Il prend conscience des dommages causés par le temps, des dysfonctionnements du couple, des objectifs inaccessibles de la vie et a laissé transparaître tout ceci dans la composition de cet album. Mais il n’abdique pas, il cherche des solutions. D’abord, se renouveler. La pochette et l’atmosphère de l’album l’attestent volontiers. "Soldier On" (que d’aucuns pourraient légitimement qualifier de morceau de bravoure de cet album) et ses guitares distordues et rageuses, tout en crescendo, également. Ensuite, apporter quelques touches novatrices à l’édifice musical. De nouveaux instruments viennent compléter les fidèles compagnons mentionnés plus haut : des tablas, une scie musicale, du Cristal Baschet, des ondes Martenot entre autres. Enfin, faire preuve d’humour. Plus exactement, d’amertume amusée. Dans "For your Lover Give some Time", premier single issu de cet album, d’une beauté et d’une vérité implacables, Hawley fait, avec humour, l’étalage de ses faiblesses mais n’oublie pas de souligner celles de sa femme. Il peut être sarcastique (il lui promet de lui rapporter des fleurs du cimetière) mais incroyablement poétique quand il lui dit qu’il "la regardera raccommoder les larmes de sa robe".

La dernière chanson de l’album, "Don’t You Cry", synthétise en près de 11 minutes toute la grâce, l’humour, l’émotion et la beauté des titres précédents, l’élégance des arrangements, appuyés là encore par des instruments peu usuels comme une lyre ou un Amonica de verre et prouve à qui en douterait encore que Richard Hawley tutoie les étoiles et nous regarde, dans notre caniveau.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Cole's Corner de Richard Hawley
La chronique de l'album Lady's Bridge de Richard Hawley
Richard Hawley en concert à La Maroquinerie (12 octobre 2005)
Richard Hawley en concert à Glee Club (15 novembre 2005)
Richard Hawley en concert au Nouveau Casino (25 octobre 2007)
Richard Hawley en concert au Festival International Benicàssim 2008
Richard Hawley en concert au Festival International Benicàssim 2008 - 2ème

En savoir plus :
Le site officiel de Richard Hawley
Le Myspace de Richard Hawley


Falké         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :


# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=