Alain Souchon, absent des planches depuis plusieurs années, revenait devant un public parisien acquis d'emblée. Le public d'Alain Souchon vieillit, à moins que ce ne soit le prix des places qui ne permette qu'à une catégorie relativement aisée de la population d'aller voir cet artiste pourtant populaire.
Le spectacle commence de manière amusante. Un montage d'extraits de youtube ou de dailymotion montre des musiciens du dimanche en train d'interpréter des tubes de Souchon, les uns au piano, les autres à la guitare sèche, en solo ou en duo... Et déjà on mesure que le catalogue du bonhomme contient un nombre conséquent de titres imparables, malgré l'interprétation parfois approximative des internautes.
Quant à Souchon, il garde des allures de vieil adolescent monté en graine. Il arrive sur scène en dansillant, et attaque directement par "Les Regrets", puis "Tu Vois Pas Qu'On S'Aime Pas"... Le jeu de lumière est à l'image du personnage, efficace et discret, dans les blancs, les jaunes... Souchon n'est pas un showman, c'est un chanteur, un interprète qui sous des airs débonnaires cache un perfectionniste. Le son des instruments n'est pas trop fort, et la voix mise très en avant.
A partir de là, c'est du billard. Des tubes à foison. Une soirée de gala. Des chansons dont on connaît chacune des notes et des paroles, alors qu'on n'a pas mis un album de lui sur la platine depuis plusieurs années. Du dernier album, Parachute Doré rencontre un grand succès, d'autant qu'il présente sa chanson par une petite pique acerbe sur la situation économique et sociale actuelle. "Elle Danse" est enchaînée avec "C'Est Déjà Ça" , deux chansons sur la situation des immigrés clandestins. Si Souchon est un chanteur de variétés, l'homme semble proche des gens, doué d'empathie, et ses textes s'en ressentent. ("On nous Claudia Schiffer, On nous Paul-Loup Sulitzer" auquel Jean-François Coen répliquera par un "J'Alain Souchonne").
Souchon est un cas assez peu commun, à la fois discret et pourtant omniprésent. Il a une côte de popularité immense sans jamais donner dans la vulgarité. Chanteur de variétés, mais osant aborder dans ses chansons des thèmes de société comme l'immigration, l'écologie ou la situation économique. C'est le type sympa que personne ne déteste.
Après avoir parcouru ses plus de trente ans de carrière avec des titres comme "Le Bagad De Lann Bihoué", "Somerset Maugham", "J'ai 10 ans" (il dira "Ce n'est pas une chanson, là, c'est un souvenir"), "L'amour A La Machine", "Sous Les Jupes Des Filles", et caetera, et caetera..., il termine son tour de chant d'avant rappel en karaoke avec le public par "Les Cadors".
Pour le premier rappel, il est revenu accompagné de Laurent Voulzy pour une reprise à la guitare sèche de Simon & Garfunkel, "Feeling Groovy".
Puis en ultime rappel, il chantera "Foule Sentimentale", puis a cappella, rejoint par tous ses musiciens et Voulzy sur le devant la scène, "Rame" en total communion avec le public.
La soirée fut excellente. |