Après un remarquable mais pas assez remarqué Disque d'or, Eric La Blanche revient enfin avec un nouvel album qui continue de nous faire découvrir son univers poético-cynique, plein d'humour noir, de
(fausses) joies et de (drôles d') histoires noires, voire glauques. La place est ici laissée au chant et au texte avec une orchestration certes parfois minimale mais toujours élégante et classieuse, chaleureuse et entêtante, pour ne pas dire enivrante comme sur "le premier jour".
La Blanche nous raconte tout au long de Imbécile heureux des histoires de solitudes ordinaires et de jours meilleurs, à venir ou passés. Des personnages en apparence simples mais qu'un grain de sable vient toujours perturber comme sur "Un Monsieur sans histoires", chanson rappelant Aznavour et Montand autant que Gainsbourg, qui nous raconte la vie d'un "Monsieur sans histoires" dont l'unique divertissement est pour le moins inattendu. On pourrait parler aussi de "l'effondrement", sorte de conte de fin du monde et de romance...
La Blanche fait preuve d'un optimisme déprimant ou d'un pessimisme plein d'espoir, c'est selon, mais cache derrière chacun de ses textes quelques tartes à la crème aigre que l'on prend en pleine face en espérant déguster un gâteau trop sucré. Et on aime ça. On aime cet élégant désenchantement de ce dandy crooner. On aime penser à Gainsbourg ou Regiani ou encore à Ignatus. Tiens justement, c'est aussi le nom du "héros" du roman La conjuration des imbéciles, comme si décidément tout ramenait à cette triste imbécilité qui finalement peut devenir heureuse... Pour l'imbécile en tout cas.
Avec ce disque, qui ne sera tristement pas disque d'or non plus, La Blanche impose sa pâte de songwriter (oui songwriter, à
l'américaine) et de poète offrant à qui voudra bien l'entendre, et vous feriez bien de le faire, sa vision du monde, de la vie, de l'amour ... Et comme il le dit sur "l'effondrement" : être vivant c'est déjà beaucoup. Un bon résume pour ce disque de non-chanson française impeccable. |