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Kick Peplum (EP)  (Cinq 7)  septembre 2009

2009 restera comme une année faste pour les amateurs de Dominique A : non content d’avoir sorti son meilleur album depuis des lustres (La Musique, en formule synthé solo et néanmoins accessible), il a proposé un deuxième CD à destination des fans (La Matière, disponible dans l’édition limitée coffret de La Musique), d’une veine un peu plus sombre et expérimentale.

Soit déjà 24 chansons à se mettre sous la dent, parmi lesquelles quelques très bonnes surprises : "Le Sens", "Nanortalik", "Bel Animal" ou "Valparaiso", notamment, pourraient figurer sur un Best-Of aux côtés des hauts faits d’armes passés, sans rougir de la comparaison…

Bien sûr, il existe des râleurs pour suggérer quel album magnifique le grand Ané aurait obtenu s’il avait fait un choix, trié dix ou douze pépites parmi les 24 titres proposés… C’est l’éternel débat du simple contre le double (voire le triple) : limiter et opter pour une "qualité" forcement subjective ? Ou bien la profusion, laissant le choix à l’auditeur de faire son marché parmi toutes les pistes proposées ?

De notre côté, déçu par ses récentes productions en groupe (Auguri, Tout Sera Comme Avant, L’Horizon) et préférant ses publications parallèles (Une Femme Chante Sur Le Quai, Tout N’Est Plus Comme Avant, Les Sons Cardinaux), cette option généreuse nous a ravi : liberté de trier soi-même le bon grain de l’ivraie, sans avoir à spéculer sur d’éventuelles démos inédites, potentiellement meilleures que le disque final (comme c’était souvent le cas, par le passé).

Lors de notre interview réalisée le 27 mars dernier, il avait beaucoup été question de ces productions parallèles, et de leur valeur par rapport aux albums officiels. A la question de savoir s’il referait un jour un EP, le grand Dominique affirmait alors ne pas vouloir saturer le marché avec une nouvelle production, lui qui venait déjà de publier deux disques d’un coup !

Il n’aura pourtant pas été long à changer d’avis : courant mai, il enregistrait "à la maison" quatre nouveaux titres complètement inédits, dans la même configuration que La Musique et La Matière (solo à forte prédominance synthé). Le résultat, intitulé Kick Peplum, vient donc de sortir et n’est pas disponible dans le commerce, mais vendu pendant ses concerts.

Au-delà du goût prononcé de l’artiste pour les beaux objets en série limité (manière, selon lui, de lutter noblement contre le piratage), on y retrouve une certaine idée de l’intégrité artistique : ce disque, tout "parallèle" soit-il, n’est absolument pas anecdotique, ne recycle pas de rogatons, et vaut son pesant de cacahuètes. Les quatre titres nous semblent presque meilleurs que ceux proposés par La Musique et La Matière réunis (qui, eux-mêmes, étaient déjà plutôt bons) ! C’est dire…

Sur la pochette, le EP indique "4 chansons autour de la musique". On peut y voir une référence au titre du dernier album ; mais pas uniquement : chacun de ces morceaux tourne en fait autour d’un élément thématique musical, qu’il s’agisse d’un souvenir de chanson, de la passion pour un artiste, d’un nom de label, ou même d’un détail technique relatif au studio d’enregistrement…

Ainsi, "Gisor", qui ouvre l’album, rend hommage à un artiste méconnu, Dominique Petit (alias Gisor), auteur en 1981 d’un unique album de synth-pop outrancière et décalée. A priori, on est surpris : si Dominique a baigné dans la new-wave étant môme, il en était apparemment revenu… et dans notre interview de mars, se moquait (gentiment) des artistes obscurs ressuscités à l’occasion des compilations BIPPP, Jeunes Gens Mödernes ou IVG, parues l’an dernier chez Born Bad ou Naïve.

Volte-face surprenante, donc, mais morceau de toute beauté… Et l’on est ravi, en fin de compte, que ces références soient si joliment assumées ! Gisor est ici évoqué comme un souvenir d’enfance, et son titre-phare ("Partir") devient une chanson dans la chanson. Si la création originale de Dominique Petit pouvait sembler grandiloquente et potentiellement ridicule (on recommande l’écoute, à titre documentaire), elle devient émouvante par le souvenir bâti autour.

On retrouve dans cette démarche la facette "chroniqueur rock" que l’on a toujours apprécié chez Dominique A (ses billets sur Comment Certains Vivent ou articles dans diverses revues)…  Ainsi qu’une propension (de plus en plus marquée) à se replonger dans l’enfance et l’adolescence pour en nourrir son travail, comme avait pu le faire également son complice Katerine.

En seconde position sur le disque, "Sarah, Bristol" part aussi d’un souvenir discographique : la passion de l’artiste, alors jeune homme, pour un label de Bristol nommé Sarah Records, qui publiait des EP vinyles d’indie pop, raccords avec son goût pour les beaux objets artisanaux limités, vecteurs d’un lien plus intime entre l’auditeur et l’artiste.

Concrètement, la chanson part de ces deux mots (Sarah, Bristol) pour bâtir une atmosphère anéenne typique : humanité peu reluisante (rade miteux, odeurs de friture, mecs collants) où se trouve plongée une jolie jeune femme, contraste et friction entre ces deux pôles. La noirceur évoque les meilleurs moments de l’album Remué, et l’on retrouve un sens du décor et de l’ambiance (posés en quelques traits) qui nous avait manqué, dans les disques trop ouvertement "oniriques" de ces dernières années.

Même topo sur "Manset" : sous couvert d’hommage à son modèle (de plus en plus) revendiqué Gérard Manset, Dominique A met en scène des retrouvailles (titre d’une de ses anciennes chansons, tiens) au sein d’une famille brisée… avec, donc, ce souvenir obsédant du père qui écoute Manset. Là encore, la base textuelle est relativement rêche ; mais comme dans les chansons précédentes, ce pseudo-réalisme débouche sur une métaphorisation onirique qui permet d’éviter l’anecdote (on n’est pas chez Bénabar !) et crée un puissant décalage poétique.

C’est ce que l’on aime par-dessus tout chez Dominique A : cette manière de confronter le trivial au lyrique… l’un tirant l’autre pour le sortir du marasme vériste ; et inversement, le détail réel permettant à la poésie de ne pas être désincarnée (comme ç’avait trop souvent été le cas sur les deux albums précédents).

La quatrième chanson va aussi dans ce sens, évoquant un élément concret de l’enregistrement musical ("Chambre d’Echo") : elle joue sur le mot et métaphorise l’entrée de la voix dans le lit de la musique, bouclant la boucle avec ses touts débuts (solo et synthétiseurs idem) : le dernier morceau de La Fossette qui, en son temps (1992), nous parlait déjà de "L’Echo"…

On l’aura compris : pour les amateurs de Dominique A, l’acquisition de ce EP s’avère absolument indispensable, puisqu’il contient un authentique chef d’œuvre ("Gisor"), et trois autres chansons figurant parmi les meilleures de ces dernières années. Bilan plutôt inespéré, pour un disque vendu en dehors du circuit classique… et nouvelle preuve du regain créatif du bonhomme.

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Dominique A
Le site Comment certains vivent
Le Facebook de Dominique A


Nicolas Brulebois         
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