Présents sur la scène musicale depuis plusieurs années, les Waiting For Words ont aussi à leur actif plusieurs albums. Dans un registre musical qui n'est que rarement placé sous les feux des projecteurs, ils nous retracent, quelques minutes avant d'ouvrir pour T21 (Trisomie 21) à Paris, leur parcours. Ils nous parlent aussi des difficultés, alors qu'un groupe comme La Roux remet la synthpop au goût du jour ou que le succès de Depeche Mode ne faiblit pas, de s'imposer en France lorsqu'on décide de jouer de la musique synthétique.
D'où venez-vous et quelles sont vos influences ?
El Lute : Nous sommes de la région parisienne. Personnellement mes influences, contrairement à ce qu'on pourrait croire, sont plutôt punk, rock, reggae, world music...
Mycrotronik : Quant à moi, depuis tout petit j'ai baigné dans des ambiances électro, Kraftwerk, Jarre, Tangerine Dream.
El Lute : Mais on prend ça comme une force. Nos backgrounds respectifs nous donnent une identité musicale propre qui nous permet de sortir du carcan de la synth pop.
ZeN : J’ai découvert la musique avec La Voix Du Lézard (ndlr : ex-Skyrock. Radio très importante dans la fin des 70’s/début 80’s pour la musique underground, new wave, experimentale)… donc Kraftwerk, Jarre, toute la new wave des 80’s (DM, Cure, Duran, OMD…) mais aussi Prince, Jackson, la pop… Donc oui, comme dit El Lute, une variété d’influences qui se ressent dans notre musique.
Vous vous revendiquez donc de la scène synth pop européenne ?
Mycrotronik : Il y a bien une scène européenne dont on fait partie.
El Lute : En même temps, de par nos influences, nous avons une identité propre. On fait la musique qui nous plaît. Si elle plaît aussi à un grand nombre tant mieux, et si elle ne plaît pas à d'autres, tant mieux aussi.
Mycrotronik : Nous n'essayons pas de rentrer dans une case ou dans une autre. La diversité de nos influences apporte une vraie richesse à nos compositions.
ZeN : Il est très dur de dire aujourd’hui ce qui est "synthpop" ou pas. Personnellement, je pense que nous faisons de la synthpop (pop avec des synthés), mais nous sortons tellement du format stéréotypé de ce style. Avec en plus les influences déjà citées, si nous devions nous situer, nous serions quelque part entre la New Wave, la Synthpop et une pop finalement assez classique. Mais ceci est un débat vraiment Français. Nous ne rencontrons pas ça en Allemagne, Belgique ou Angleterre… On peut jouer avec Universal Poplab, De/Vision, Onetwo… ou ce soir T21. Personne ne se pose vraiment la question… à part en France.
Dans votre style, est-il facile de trouver des dates de concert ?
El Lute : En effet, ce n'est pas simple. En Grande-Bretagne, nous en trouvons plus facilement qu'en France. Nous partageons alors la scène avec des groupes pop indie, dont les membres sont bien plus jeunes que nous.
Mais en France, aussi bien à Paris qu'en province, c'est extrêmement dur.
Mycrotronik : Cela devient même de plus en plus difficile.
ZeN : Nous revenons d'Allemagne et nous avons pu constater que là-bas le public sort plus qu'en France. Depuis quelques années, nous remarquons d'ailleurs que le public parisien sort de moins en moins. Avec la fermeture de la Loco, qui arrive après une succession de fermetures ou d’interdictions de concert, commence enfin un débat nécessaire autour de ce phénomène.
Comment s'organisent vos concerts ?
ZeN : Puisque nous n'étions pas soutenus, nous nous sommes organisés en coopération. Nous avons notre propre web radio. Et je me suis associé avec Joris pour créer Night Live Events. A travers cette structure, nous organisons des évènements pour d'autres artistes et lorsqu'il y a un concert à organiser pour Waiting For Words, cela passe par Night Live Events.
El Lute : Nous avons toujours tout fait nous-mêmes. Déjà auparavant, nous organisions nos propres concerts, pressions et distribuions nos albums. C'est la première fois en vingt ans d'existence que nous signons sur un label (ndlr : le label anglais Foundry Records).
Au niveau claviers, qu'utilisez-vous ?
Mycrotronik : Pour le live, nous utilisons un clavier Korg et un clavier maître relié à un expander virus.
El Lute : Pour les rythmiques, des séquences sur ordinateur et des drums et percussions électroniques live.
ZeN : Nous intervenons aussi au niveau mixage. Nous avons notre propre table de mix. Et puisqu'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, nous connaissons nos réglages par cœur. Nous travaillons donc en aval pour l'ingénieur du son.
Votre reprise de "Photographic" de Depeche Mode n'a-t-elle pas un côté rétro-futuriste ?
Mycrotronik : Cette reprise est venue d'une collaboration avec Foretaste. Je ne sais pas si c'est rétro-futuriste, mais c'est un morceau que nous avons beaucoup de plaisir à jouer.
ZeN : Nous avons toujours eu une reprise de Depeche Mode dans le set. Durant un temps, ça a été "Enjoy The Silence". Nous avons aussi fait "Clean", "Nothing" et "Sun and The Rainfall". C'est essentiellement un public fan de Depeche Mode qui vient dans les évènements où nous nous produisons. Donc nous nous faisons plaisir et ça fait plaisir au public.
Cependant nous reprenons aussi parfois d'autres artistes, comme OMD ou Camouflage. Lors des prochains concerts, nous souhaitons faire d'autres reprises, parfois plus surprenantes.
Votre nouveau maxi, The Curve est sorti sur des plate-formes de téléchargement. Allez-vous l'éditer sous une autre forme ?
ZeN : Nous venons de recevoir le premier carton de cds aujourd'hui pour le mettre en vente à l'issue du concert. The Curve, sous forme de cd, sera en vente dans les principales enseignes de vente de disques d'ici une dizaine de jours. Nous continuons donc à proposer le support physique en plus du digital. |