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puce Monsieur Bricolo - Une invention moderne - Notre-Dame de Paris
Le Fil  (Saint-Etienne)  mercredi 25 novembre 2009

Mercredi soir, c'était ciné-concert au Fil. Un programme, alléchant et plein de suspens. La salle est pleine. Installé sur la scène, pupitre, chaises, partitions, console, ordinateurs et table de mixage, écran de cinéma. Etrange aménagement. Betty, une jeune étudiante en art plastique et cinéma, nous présente les deux films qui seront projetés ce soir avec une passion pour l'image qui déjà me donne envie d'aimer ce que l'on va voir.

Max Lavieville (compositeur) s'installe sur scène, derrière sa console. Le noir se fait, Monsieur Bricolo entre en scène. C'est un court-métrage de 1929 (Charles Bowers, USA). Film en noir et blanc, muet mais pourtant si parlant par les images. Monsieur Bricolo est amoureux de Mademoiselle Boufaloeil. Mais en ces années 30, les pères restent présents dans la vie sentimentale des jeunes filles. Demande en mariage, quiproquo, voilà Monsieur Bricolo embauché au restaurant de Monsieur Boufaloeil.

La musique qui accompagne le court métrage est moderne, et l'impression au premier abord est étrange, entre l'anachronisme image / son. Il faut combiner l'œil à l'oreille. Chercher en soi, le juste équilibre pour ne pas se faire happer par le son et oublier l'image, vice et versa. Ce soir, l'un ne va pas sans l'autre. C'est une expérience qui nous est donnée à voir, à entendre, à vivre.

Et ce sont les sentiments des personnages qui donnent finalement le tempo musical, la colère des cuisiniers, du patron, le bruit de la vaisselle, l'impatience des clients…

Des rires se font entendre dans l'assistance, tous semblent attentifs et captivés par ce film burlesque, où tout est exagéré pour nous faire sentir, ressentir le désarroi de Monsieur Bricolo et son étonnante énergie. Energique pour conquérir le père de sa belle, il se démène, court dans tous les sens, expérimente, innove, crée une machine, qui, il l'espère réglera ses problèmes d'emploi et ceux de son cœur. Le voilà sûr de lui, fin près à épouser son amoureuse, persuadé d'avoir conquis le père.

La fin, bien loin d'un happy end, soulève des questions plus critiques sur une Amérique de l'époque en pleine expansion économique et industrielle.

L'invention d'une machine à remplacer les hommes devient l'objet de la plus profonde des tristesses, celle d'un homme désemparé face au mariage de son amour avec un autre.

Tant d'énergie,  tant de bonne volonté, tant d'action face à l'attitude impitoyable d'un patron maître de ses hommes, d’un père maître de son foyer, la musique se fait entrainante, perturbante, reflétant le mal-être d’un Monsieur Bricolo désabusé et plus encore, l'absurdité d'un monde sans merci.

Applaudissements. Entracte. Le court métrage n’était qu’une mise en bouche. Qu’un temps préparatoire pour l’œil et l’oreille à cette étrange combinaison qui perturbe nos sens. La suite, c’est un orchestre harmonique sur scène et un film de 1911. Mais pas n’importe quel film, la première version cinématographique de Notre-Dame de Paris. Les musiciens sont en place, le chef d’orchestre Eric Varionentre en scène, silence. Max Lavieville toujours derrière sa console, donne le départ.

Notre-Dame s’offre à nous et nous invite pour un voyage dans un espace et un temps insondable où l’électro, l’harmonie des cuivres et percussions, l’image en noir et blanc et le jeu des acteurs muets se donnent la réplique sur cette scène réunie pour l’expérience.

Des personnages bien connus se montrent alors, Esméralda l’intemporelle, envoûtante est accompagnée d’une musique qui nous renvoie dans des sons folkloriques, festifs, joyeux mais néanmoins profonds. Frollo, illustré musicalement par le son, on l’imagine, du frelon, dans un mélange de cuivres qui donne puissance et profondeur au jeu de l’acteur. Le brouhaha du Paris médiéval est relayé par de l’électro, c’est speed, c’est fort, ça nous entraîne on ne sait où, dans un tumulte tapageur de l’image et du son. Quasimodo effrayant et si humain, Phoebus de Châteaupers, fier et volage, ils sont tous là ce soir avec nous, tant dans l’image que dans les sons.

Plus qu’une expérience, ce qui vient alors à l’esprit, c’est l’idée d’une introspection musicale des personnages, de la ville, des liens et des rapports qui les unissent. L’angoissante passion, la folie entrainante et cette musique tout azimut nous plonge au cœur des sentiments des personnages.

Fin du film. Je suis frustrée, je n’ai pas vu les 50 minutes passer. J’en voudrais encore un peu plus, pour vivre cette étrange expérience de la rencontre de trois univers, en apparence si éloigné et qui ce soir, ont choisi de se rencontrer devant nos yeux, nos oreilles, notre attention.

Applaudissements, tous en  veulent encore. Pour notre plaisir, ils rejouent quelques minutes.

En rentrant, je me dis voilà un beau spectacle, une belle expérience, qui montre que la création peut encore nous étonner, nous perturber, nous ouvrir à d’autres formes esthétiques.

 

En savoir plus :
Le site officiel du Fil

Crédits photos : Eric Ségelle (Toute la série sur Taste of Indie)


Nathalie Besset         
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