Texte
de Eugène Scribe et Ernest Legouvé, mise en scène
de Michel Fau, avec Louis Arene, Joris Avodo, Julien Barret,
Astrid Bayiha, Barbara Bolotner, Hadrien Bouvier, Valentin de
Carbonnières, Ludmilla Dabo, India Hair, Matila Malliarakis,
Marie Marquis, Jean-René Oudot, Fannie Outeiro, Mélodie
Richard et Laure-Lucile Simon.
Dans le cadre des ateliers de 3ème année du Conservatoire
National Supérieur d'Art Dramatique, Michel Fau, comédien
du sérail, met en scène des élèves
de la promotion 2010 dans un spectacle intitulé "La
Tragédienne amoureuse".
Ce spectacle a été conçu à partir
d'une comédie-drame de Eugène
Scribe et Ernest Legouvé
inspirée de la vie d'une comédienne de la Comédie
Française célébrée au 18ème
siècle pour ses dons pour la tragédie, Adrienne
Lecouvreur, dont l'idylle avec le comte de Saxe lui valut la
haine fatale d'une rivale influente la duchesse de Bouillon.
Citant en exergue dans sa note de présentation le compagnon
de route dont il est un des acteurs fétiches, Olivier
Py, ("La convention est la chair du théâtre,
sans convention on tombe dans la convention la plus conventionnelle
: l'authentique"), Michel Fau, comédien luxuriant,
qui se frotte à tous les répertoires sans ostracisme
avec le même succès, de la tragédie antique
à l'opérette, a opté pour le registre de
la fantaisie théâtrale qui joue et déjoue
les codes théâtraux et permet ainsi, pour un exercice
dans lequel plusieurs comédiens jouent successivement
le même rôle, d'éviter les parallèles
et comparaisons souvent éloquentes et parfois fatales.
Et le procédé est d'autant plus logique que,
justement, la fameuse tragédienne Imposa le jeu dit "naturel"
en rupture avec la déclamation chantée héritée
du 17ème siècle et qu'un acte se déroule
dans le foyer de la Comédie Française avec les
querelles de coulisse.
De plus, Michel Fau a intercalé entre les actes des
scènes de tragédies dont "Phèdre"
et "Bajazet" de Racine, jouée selon différents
codes théâtraux, depuis le théâtre
baroque jusqu'à l'Actor's Studio qui ne cessent de déconcerter
et de réjouir le public.
Dans des décors de toile peinte, qui évoquent
notamment les cabinets de curiosité et les grands vestibules
de réception, et en costumes rutilants, les jeunes comédiens
emperruqués au maquillage outrancier révélateur
de leurs addictions et de leur caractère, naviguent dans
une mascarade maniériste en forme d'hommage au théâtre.
Le spectacle, doctement mené, est brillant et ce soir-là,
les prestations de Joris Avodo et de Jean-René Oudot,
dans des rôles de composition, respectivement l'abbé
et le régisseur qui se consument tous deux d'amour platonique,
de Barbara Bolotner dans l'irréductible princesse de
Bouillon et la diaphane Laure-Lucile Simon dans le rôle
de l'héroïne expirant auront sans doute tout particulièrement
séduit le public. |