Cette exposition était monumentale.
C'est bien simple, c'est la plus importante consacrée au peintre depuis 1938, alors que ce dernier était encore vivant. C'est plus de 300 peintures, dessins ou photographies réalisées par Vuillard (1868-1940) qui ont été exposés. En deux heures, on n'a pas fait le tour des salles ! Impressionnant.
Organisée de façon à ce que l'on distingue bien les deux périodes du peintre, l'exposition permet de poser un regard nouveau sur l'artiste, rangé parmi les post-impressionnistes.
Beaucoup connaisse la première période lorsqu'il est associé au mouvement Nabi (dont Bonnard et Maillol). Il tente de fusionner les personnages et le décor de façon surprenante, au moyen de textures ou de motifs répétés qui donnent parfois l'impression saugrenue de voir l'arrière plan se projeter devant tous les autres plans comme sur le fabuleux "La lectrice" datant de 1896.
Durant cette période ses tableaux sont particulièrement sombres mais parfois parcourus d'une lumière provenant d'une couleur ultra vive qui traverse littéralement la toile et lui donne une profondeur inattendue. Les traits sont alors fins et Vuillard cultive l'art du détail. Quasiment toutes des scènes d'intérieur, à cette époque, Vuillard ne concevait-il sa peinture que dans la claustrophobie ?
Le tournant se situe aux alentours de 1900 (un peu avant quand même) quand il voyage à de nombreuses occasions, découvrant des paysages inédits pour lui (oh pas bien loin : en Normandie). Dès lors il place plus fréquemment ses œuvres en extérieur où il gagne en couleurs mais perd en netteté, travaillant plutôt par "blocs" (et à la colle aussi).
Pourtant des toiles comme "La place Vintimille" (1911, maintes fois déclinée en décors, peintures, dessins, etc.) sont toujours agréables à regarder mais fascinent moins que ceux de la première période. Même si cette exposition au grand air ne lui a pas forcément réussie, la guerre n'a rien arrangé. Vuillard, mobilisé, devient artiste de l'armée française - peu d'œuvres de cette période ont été présentées. Forcément cela ne s 'améliore pas et même si Vuillard ose à nouveau s'enfermer (il revient aux décors intérieurs), son art n'a plus la mêmeconsistance. Les portraits qu'il peint à partir des années 1920 finissent par nous achever.
En revanche, ses photographies sont intéressantes : Vuillard prend ses photos comme il peint, c'est plutôt troublant.
Néanmoins même si Vuillard est maître d'une technique exceptionnelle, le sens de son œuvre reste pour moi un mystère.