Cela faisait un moment que je n'avais pas vu Le Fil aussi bondé. A mon grand étonnement, la grande salle est remplie par un public assez hétérogène : divers styles et tranches d'âges se cotoient ce soir.
Archive est un groupe fédérateur et transgénérationnel.
Première déception pour moi, j'ai raté la première partie. Le concert commençait très tôt (20h30) et le set ne dura que 20 minutes.
Je prends alors la température et les retours décrivent un premier groupe sympathique qui oeuvrait dans un style électro-ambient.
Malgré la bonne impression donnée, il fut apparemment impossible à quiconque de comprendre le nom qu'ils portaient.
Mes investigations post-concerts ne purent résoudre le mystère, le groupe apparaissant nulle part...
Ndlr : le groupe s'appelle en fait Lowmilk.
On se contentera de la partie majeure, Archive. Et c'est un Darius Keeler à l'allure douteuse qui entre sur scène.
Difficile de définir quels produits sont passés par là mais le co-leader a l'air d'en tenir une bonne couche, l'esprit est rock n'roll semble-t-il. Darius se poste alors derrière un clavier et lance le concert accompagné d'une boîte à rythme.
Les autres membres du groupe entrent chacun leur tour et s'équipent d'un instrument, l'autre leader Danny Griffiths clôturant la marche se poste sur un autre clavier à l'opposé de son comparse.
L'introduction est symptômatique d'un phénomène que l'on retrouvera tout au long du concert : l'impression désagréable que la moitié des instruments utilisés sur scène sont inaudibles, c'est encore plus dommageable quand on a l'impression que cela tient plus du choix artistique que de l'erreur de réglage. Les claviers et les samples sont clairement trop en avant par rapport au reste, il n'y a bien que la guitare principale qui leur tient tête.
Il faut faire un effort de concentration gigantesque pour entendre par moment le bassiste.
Tout au long du concert, il y a une sorte de brouhaha de fond qui estompent toutes les véillités des instruments moins amplifiés. Ce point noir cache un deuxième défaut encore plus horripilant.
Des guitares rythmiques sont placées de temps à autre dans les mains des chanteurs Pollard Berrier et David Penney.
Je suppose que leur fonction était de grossir le son de la guitare principale mais même problème, impossible de les distinguer.
Mais le plus triste est de voir les deux chanteurs investis par la musique se remuer sommairement avec la guitare dans les mains attendant un passage où ils chanteraient ou utiliseraient leur grat' à produire du son. En effet, il n'est pas rare pendant les morceaux de voir plusieurs musiciens se tourner les pouces, pendant que les deux leaders s'en donnent à coeur joies sur leurs claviers...
Si la composition des morceaux doit certainement passer à travers leurs deux têtes, un seul pianiste armé de deux claviers l'un au-dessus de l'autre aurait largement pu s'affranchir de toute la prestation musicale.
Malgré la (sur)puissance sonore, d'ailleurs elle aussi pénible dans le premier tiers de la salle, on a le sentiment qu'Archive n'utilise pas tout son potentiel. Les morceaux auraient peut-être mérité d'être retravaillés pour permettre aux 9 artistes présents sur scène de s'exprimer plus souvent et de manière plus homogène sur le live.
Car voilà pointer le troisième trouble de ce concert à mon sens. Un manque cruel d'homogénéité.
Les deux chanteurs, Maria Q et et le MC Rosko John se relaient pour la voix au fil des morceaux, détruisant à peu près à chaque fois l'ambiance posée par la voix précédente.
Il y a des années que l'on préfère oublier particulièrement lorsqu'elles ont vu l'émergence de l'eurodance, ainsi si je ne pleurais pas le départ de Maria et de son style très "90's", j'étais plutôt navré quand je voyais les ambiances peu compatibles du MC et des deux autres chanteurs s'entrecouper un morceau après l'autre.
Mais le tableau n'est pas entièrement sombre. Archive continue son orientation vers une musique plus rock progressif et le fait assez brillamment.
La performance du guitariste Steeve Harris mérite d'être saluée de ce côté là ! De l'autre, les passages hip-hop sont un plaisir à écouter, Rosko John maîtrisant parfaitement son flow, peut-être aux dépends de son jeu de scène trop métronomique.
Séparés, les morceaux pris tels quels sont souvent bons voire très bons. Et avec un set de plus de 2 heures, ils ont donné largement de quoi régaler les fans. Il fut très sympathique de voir les membres du groupe venir discuter avec le public à la fin du concert.
En définitive, le concert fut bon mais la prestation frustrante. On est passé à côté d'un concert qui aurait mérité d'être excellent... |