Si on commence à parler de la 5ème édition des Nuits de l’Alligator et plus particulièrement de cette soirée du 24 février, on pourrait la résumer par : ça décoiffe !
En effet, tous les éléments étaient réunis pour embarquer le public. Et si au niveau capillaire, il y en avait pour tous les goûts, d’un point de vue musical, le maître mot de cette soirée à la Maroquinerie, qui oscillaient entre blues/rock & jazz, était "énergie".
C’est Triggerfinger, groupe belge qui a commencé à faire ronronner le moteur de la salle. Ce trio composé d’une base simple et solide : guitare, basse, batterie enrobées de costards dessinait le tableau d’un rock incandescent à l’image du dernier opus What grabs ya ?.
Le leader, Ruben Block, au demeurant chanteur et guitariste, très théâtral, monte sur les amplis vacillant pour le dernier morceau du set. Certains diront qu’il en fait un peu trop mais après tout, c’est la loi du spectacle ! Côté batteur, c’est un musicien sous acide qui enflamme la rythmique de compos plutôt prometteuses.
A mi-chemin entre Jesus Volt et les ZZ Top du dernier cru notamment.
Voix grave, réverb’, pléiade d’effets et groove vivifiant. Univers sombre, orageux et paradoxalement décalé.
Une musique au second degré et en 3 dimensions.
Puis vint les Radio Moscow ou une vision nostalgique de l’artisanat pratiqué à Woodstock. Un groupe américain au sang neuf, porté par le leader Parker Griggs et qui a sorti son second album intitulé Brain Cycles en 2009.
Trois gars, jeunes, chevelus, génération beatniks qui transpirent le blues/rock des années 60/70. Pour vous donner une idée de l’assemblage : la guitare d’Hendrix (pédale wah-wah à gogo), le chant de Robert Plant et un esprit assez proche de notre irlandais regretté, Rory Gallagher…
Pas de réelles surprises cependant, puisque l’originalité des prédécesseurs avait déjà laissé quelques traces sur des bandes sons écoutées et réécoutées.
La mise en scène est plutôt minimaliste si nous venons à les comparer au groupe précédent. Cela dit, l’enthousiasme du public est plus que palpable pour ce plongeon dans une époque que la moitié des auditeurs de l’instant, n’ont jamais connus. Immersion réussie, dans l’atmosphère psychédélique d’une ère ressuscitée !
Enfin, pour clore les réjouissances… Place à Monsieur James Chance & Les Contorsions, présenté comme la légende vivante de la soirée.
Ex-punk (si, si) qui s’est laissé happer par le rivage d’un jazz teinté de funk, empreint de la rock n’roll attitude !
L’américain qui a connu son heure de gloire à son arrivée dans la Big Apple des 70’s, cultive savamment le look rockabilly des 50’s, costard blanc et banane à l’appui. Sa voix se fait électrique, le son des instruments acide, les divagations musicales omniprésentes.
Il se lance alors, entouré d’une fine équipe de musiciens, dans une démonstration de jonglage entre saxo, clavier et chants. Trop pour un seul homme ? James Chance se fait un plaisir de prouver le contraire à ceux qui pouvaient en douter ! Une démonstration scénique qui rappelle dans la forme, celles des concerts de l’un des serviteurs du British Blues Boom, John Mayall.
Etonnant, déroutant notamment lorsque son orchestre se lance dans les parties de free jazz. La salle comble parait totalement absorbée par les élucubrations de l’artiste. Cette collaboration avec les contorsions semble une évidence.
Les trois groupes ont maintenu la cadence de bout en bout. Découvertes à suivre de très près et valeur sûre qui continue de captiver le public. Des soirées avec une telle effervescence se résument en un seul mot : ébouriffant ! |