Pour avoir vu la jeune femme plusieurs fois sur scène avec son groupe (notamment en première partie des Hurleurs), j’attendais son premier album pour savoir si elle allait y transposer l’ambiance en demi-teinte, presque post-rock, de ses concerts ou au contraire prendre une autre direction.

La réponse se trouve déjà sur le premier morceau "Roses" : Laetitia Sheriff continue sur sa lancée. Avec raison puisque ce premier album est une belle réussite.

S’appuyant sur des références musicales sûres telles Television sur "Codification" , les Bad Seeds (en beaucoup plus contenus) pour le groove, Patti Smith pour le chant (en général) et un peu le rock belge, Laetitia Sheriff s’aventure dans des ambiances peu explorées depuis longtemps ou inexplorées, aux limites du songe et du conte.

Tantôt froides ("Codification"), tantôt cinématographiques ("No moar", le fantomatique "Sleep tight") et souvent douces et rêveuses (le presque baroque "Music box" , "Baby Man"), Laetitia Sheriff construit ses atmosphères avec ce qui peut devenir sa marque de fabrique : une belle voix qui donne le sentiment d’être peu assurée ou effarouchée (ce qui n’est pas péjoratif) posée sur une alternance de passages plutôt silencieux (en majorité) et de moments un peu plus bruyants et groovy. Parfois on a même le sentiment qu’elle essaie d’exprimer une peur contenue ("Roses").

Voilà donc un bien beau premier album (un peu trop calme peut être) à ranger à côté de ceux de Jack The Ripper, ou des Crime and the city solution.

A n’en pas douter : si la jeune femme persévère, elle fera parler d’elle.