Raymonde, c'est pas dingue ça comme nom de scène ? Imaginez si Pj Harvey s'était faite appeler Marie-Chantal Durand... vous y êtes ? Rock n' roll indeed.
Bref, cette drôle de Raymonde ne vient pas du Dorset mais de Saint-Étienne. Et là, évidemment, de penser "oh l'autre, il est Stéphanois aussi et il essaie de vendre du produit régional !". Ce à quoi je repondrais sans hésiter : oui et en plus, vu le fonctionnement de son label We are Unique, dont je vous ai déjà parlé, c'est même du commerce équitable. Et non, car Stéphanoise ou pas, Laëtitia Fournier (vous pensiez vraiment qu'elle s'appelait Raymonde ?) propose un deuxième album superbe et pour vous en convaincre, si mes mots peuvent être sujet à subjectivité, il vous suffit de prendre un peu de temps pour en écouter quelques titres et vous serez rapidement convaincu du talent de la jeune ligérienne.
Sec, direct et sans fioritures, For all the bruises black eyes and peas est axé sur le couple, efficace, guitare (parfois mise en boucle) et batterie minimale et efficace. La voix de Laëtitia, elle aussi parfois mise en boucle, assurant le liant, à la fois féminine et charmeuse tout autant que venimeuse et déterminée rappelant, là encore, Polly Jean H. De l'hypnotique "The naked lines" et ses boucles vocales sur une sorte de rythme blues aux boucles musicales de "Almost go unnoticed" et sa voix sensuelle en diable en passant par le très brut et très rock "Stay with me", ou le très tendu "Song to shoot him" de 56 secondes à peine, Raymonde Howard montre qu'elle a plus d'une corde à sa guitare et que les pédales de loops ne sont qu'accessoire et pas prétexte, que le rock peut être tendu autant que délicat, brut et féminin. "Who's got the girls" est un point fort de l'album, mêlant, boucles sonores et vocales, choeurs, batterie et guitare autour d'une mélodie imparable à écouter en boucle mais qui s'enchaine également à la perfection avec "Great minds think alike", lui aussi sur la corde raide axé sur une boucle vocale pour le moins ... rock 'n roll ...
En moins de 30 minutes (à peine plus long que son premier album), Raymonde Howard s'impose sans forcer et son For all the bruises black eyes and peas est un album qui compte et qui a tout l'air d'un classique à ranger sans complexe près de Dry (PJ Harvey), Epiphany in Brooklyn (Brenda Khan) ou Drink me (Salad). |