Comédie dramatique écrite et mise en scène par Alain Gautré, avec Jérémie Bédrune, Julien Cigana, Karyll Elgrichi, Florent Fichot, Blanche Leleu, Teddy Mélis et Aurélie Messié.

En 2009, Alain Gautré livrait "La Chapelle-en-Brie" au Théâtre du Rond-Point, chronique un brin surannée d'une fratrie quinquagénaire issue de la grande paysannerie. Changement total de cap et d'univers avec "Impasse des anges" qu'il qualifie de "carrousel où, à chaque séquence, le cœur se cherche sous le sexe, où la fièvre de jouir s’interrompt brutalement sous la douche froide".

Conçue sous forme d'une succession de tableaux qui s'enchaînent à la manière de "La Ronde" de Schnitzler, Alain Gautré explore l'inexorable quête de l'amour à travers les pratiques sexuelles, un amour égoïste toutefois, le besoin d'être aimé sans pour autant être automatiquement dans la disposition d'aimer.

Mais, rien de bien nouveau sous le soleil : le sexe dans tous ses états ne cesse de clamer combien la chair est triste et pathétique, même au 21ème siècle, quelle que soit la libéralisation affichée, quand elle est réduite à des gesticulations frénétiques, et l'homme désespérément seul.

Les situations sont conventionnelles, même si l'échangisme ou le SM de bazar peut encore, dans une société placée sous le signe de la banalisation du sexe, émoustiller certains, et le caractère lénifiant des dialogues, compte tenu de celles-ci qui, par ailleurs ne reposent que sur la crudité des mots, et accentué par le jeu frontal des comédiens assis face au public, ce qui donne l'impression d'être dans un studio de post-synchronisation de films X. Le sourire ou le rire - jaune - qui accompagne les premières scènes a du mal à tenir la distance des 18 tableaux d'autant que les personnages sont réduits au minimum vital qu'est l'habit censé faire le moine.

Dépourvus d'histoire, de passé, de présent, et même de psychologie, ce sont des marionnettes qui viennent faire un petit tour et puis s'en vont. Ils surgissent derrière des panneaux coulissants, pratiquement au son de la cloche, au coup de gong, sur une scène nue, pour un vain match en un round, de quoi dégoûter des jeux sexuels l'esprit le plus ludique.

Les jeunes comédiens, issus pour la plupart de récentes promotions du CNSAD et de l'Ecole Claude Mathieu, dont Teddy Melis, Aurélie Messié et Jérémie Bédrune qui apportent un peu d'âme à leur prestation, retrouvent ainsi, avec ce parti pris de jeu bref qui repose sur l'impulsion et l'énergie du moment, dans la forme largement usitée par les cours de théâtre et s'en sortent donc plutôt bien.